A Pair of Louis XVI Grey-Painted Beechwood Chaises en Cabriolet, by Georges Jacob, Circa 1780 One Chaise Stamped G. Jacob Georges Jacob (1768-1803) maître in 1765 height 33 ½ in.; width 17 ⅓ in. 85 cm.; 44 cm
JOSEPH CHINARD (1756-1813) Le silence Vers 1798 Marbre blanc Hauteur : 86 cm - Largeur : 25,5 cm - Profondeur : 21,5cm Restaurations à l’index, au majeur et au pouce droits (janvier 1994) Louis Martin BERTHAULT (1771-1823), d’après JACOB-FRERES, Georges II JACOB (1768-1803) et François Honoré Georges JACOB (1770-1841)] Non signé Socle en acajou, placage d’acajou et bronze doré Vers 1798v Porte un cartouche en bronze doré et une inscription latine en lettres en bronze doré : « Tutatur somno et amores conscia lecti » (Elle protège les songes et les amours, complice de la couche) H. 108,5 cm Fentes et griffures, cartouche manquant et restaurations Provenance : - Juliette Récamier, Paris, hôtel 7, rue du Mont Blanc (ancien hôtel Necker), vers 1798 ; - Collection du banquier François-Dominique Mosselman à la suite de l’achat de l’hôtel Récamier en 1808 ; - Par descendance Expositions : - 1951 : Paris, musée des Arts décoratifs, Chef d’œuvres des Grands Ebénistes 1790-1850, n°87, p.34 ; - 1977 : Lyon, musée Historique de Lyon, Hôtel Gadagne, Madame Récamier, n°36 bis ; - 1994 : Paris, musée du Louvre à l’occasion de l’acquisition d’une partie du mobilier de la chambre de Juliette Récamier ; - 2003 : Nouvelle-Orléans, Jefferson’s America and Napoleon’s France, New Orleans Museum of Art ;n°118 ; - 2009 : Lyon, musée des Beaux-Art, Juliette Récamier, Muse et Mécène, 27 mars - 29 juin 2009, cat.IV.9. Œuvres de référence : - Rome, IIe siècle après JC, Prisonnière barbare dite « Thusnelda », marbre, H. 225 cm, Florence, Loggia della Signora ; - Pierre II Legros, Véturie / Vestale / Le Silence, 1692-1695, marbre, H. 250 cm, Paris, Jardin des Tuileries, n°inv. M.R 2020. Œuvres en rapport citées dans la notice : - François Perrier, Segmenta Nobilium Signorum et Statuarum, 1638, « Véturie », gravure 76 ; - Charles Lebrun, Agrippine, dessin, 1643, catalogue des dessins, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, Fonds français N°17217, fol. 18 et 20 - Etienne Parrocel, Une jeune femme drapée, le sein gauche découvert dessinée sous deux angles différents, dim. 21,1 x 27,9 cm, plume et encre brune, inscription Villa Medici, Album « Parrocel Etienne », Paris, musée du Louvre, Département des Arts graphiques, Folio 222 dessiné au recto, RF. 3729, 227 ; - Jacques Louis David, « Thusnelda », quatre dessins, dim. 19,3 x 13,3 cm, vers 1775/1780, pierre noire, plume et encre noir, Album « David Jacques-Louis » -11-, Paris, musée du Louvre, Département des Arts graphiques, RF 54320, Recto. JULIETTE RÉCAMIER MUSE, EGÉRIE, REINE DE BEAUTÉ ET MÉCÈNE La tempête qui vient d’emporter la Monarchie et d’ébranler la société française précipite l’évolution des esprits. Au milieu de ce brassage d’idées et de passions apparaît une personnalité célèbre aussi bien par sa beauté que par son esprit, qui devient un véritable mythe : Juliette Récamier : «…L’auteur de ce bel ouvrage faisait tourner tout à son profit....ses yeux qui devaient pénétrer plus tard toutes les âmes étincelaient d’une gaité vive….mais déjà l’on a pu remarquer en elle cette observation fine et rapide ...et surtout ce sentiment exquis d’élégance, de pureté et de bon goût, véritable noblesse native dont les titres sont empreints sur les êtres privilégiés» tel est le portrait que dresse d’elle Benjamin Constant 1. Le 11 avril 17932 Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard, alors âgée de 15 ans épouse le banquier Jacques Rose Récamier de 26 ans son aîné. Ils achètent le 25 vendémiaire an VII (16 octobre 1798) l’hôtel Necker construit par l’architecte Cherpitel, 7 rue du Mont Blanc3, dans le quartier de la Chaussée-d’Antin, centre des demeures de la haute bourgeoisie, des financiers et des nouvellement enrichis, à la fin du XVIIIe siècle. Il se situe entre l’hôtel Guimard-Perregaux, oeuvre de Nicolas Ledoux, et l’hôtel d’Epinay- Grimm : «l’hôtel n’a pas de vastes proportions...mais il a très bon air au fond de sa cour entourée de belles constructions» 4. Le réaménagement intérieur est confié à l’architecte Louis Martin Berthault 5 (1767-1823), avec la contribution de Charles Percier. Jacques Rose Récamier choisit cet architecte, les Berthault ayant précédemment effectué des travaux pour lui. La duchesse d’Abrantès commente ainsi : « Berthault avait du goût et un goût exquis, je n’ai jamais vu un appartement arrangé par lui autrement que très bien. Celui de madame Récamier est un des mieux, parmi les plus soignés ; la salle à manger, la chambre à coucher, le premier salon, le grand salon, tout était magnifique et élégamment meublé. La chambre à coucher surtout a servi de modèle à tout ce qu’on a fait dans ce genre et je ne crois pas que depuis on ait fait mieux» 6. Le succès est immédiat et l’hôtel Récamier est une des curiosités que le tout Paris veut voir. Tous se hâtent et s’étonnent que cet hôtel soit la demeure d’une jeune femme de vingt-deux ans. Son mobilier, par la qualité d’exécution d’ébénistes aussi illustres que les Jacob, demeure un ensemble unique et caractéristique de l’évolution des Arts Décoratifs sous le Consulat. «Le modèle de style de cette époque, c’est chez madame Récamier qu’il faut aller le chercher, dans son hôtel de la rue du Mont Blanc(...)et qu’elle avait fait décorer par Berthault aidé des conseils de Percier», écrit le dramaturge allemand August F. von Kotzebue7. Il faut à ce propos préciser : s’il a été écrit (et on a cru) à une époque, que Percier n’avait aucunement contribué à ce chantier, on sait désormais, depuis la découverte d’aquarelles de cet insigne architecte et la communication de Maria Teresa Caracciolo en 20148, qu’il a bien interféré dans ce projet. Juliette présente sa chambre avec bonne grâce, «à chaque arrivante, madame Récamier disait : «voulez-vous voir ma chambre ? » 9. Sa chambre se situe au premier étage, et tout l’aménagement s’articule autour du lit10. Il est placé sur une estrade, surmonté d’un baldaquin à draperies de soie chamois agrémentées de broderies sur fond violet et de glands d’or qui s’harmonise aux murs tapissés de soie violette, et d’un lambrequin en chamois plissé à l’antique : ceci constitue le parfait reflet de la mode du moment. La représentation de la chambre à coucher de Mad Récamier dans l’album de l’architecte Krafft et du graveur Ransonnette11 en 1801 montre au bas de l’estrade, de part et d’autre du lit, la statue en marbre attribuée à Chinard représentant le Silence, posée sur son socle en acajou portant l’inscription en bronze doré «Tutatur somno et amores conscia lecti» (Elle protège les songes et les amours, complice de la couche) par Jacob-Frères, et, en pendant, la torchère avec sa girandole en forme d’ananas, reproduits sur l’aquarelle de l’architecte anglais Robert Smirke12 de passage à Paris en 1802.La sculpture de Chinard et la «torchère ananas» ont participé aux heures de gloire des Récamier. Juliette devra se résoudre à s’en séparer à la suite des premières vicissitudes financières de son époux en 1805. L’hôtel de la Rue du Mont Blanc avec une partie de l’univers de notre héroïne est vendu en septembre 1808 à un riche banquier d’origine belge installé à Paris pour ses affaires, François-Dominique Mosselman. L’hôtel, par voie de succession devient la propriété de sa fille, Fanny Mosselman, comtesse Le Hon «aux cheveux d’or», épouse de l’ambassadeur de Belgique à Paris, devenue célèbre pour sa liaison avec le Duc de Morny 13. L’inventaire de Madame Mosselman dressé en avril 1829 14 mentionne « une statue en marbre blanc (le silence) sur piedestal d’acajou……..400 francs, un candélabre en bois d’acajou doré et bronzé surmonté de huit branches avec un ananas…..40 francs, […………] une couchette en bois d’acajou orné de cygnes et filets en bronze doré et guirlandes…...240 francs ». Ces derniers demeureront, par voie de succession et par descendance dans l’une des branches des héritiers Mosselman. Juliette pour sa part demeure alors rue basse du Rempart, puis 31 rue d’Anjou St Honoré puis doit en 1819, à la suite de nouvelles déconvenues financières de son époux, s’installer à l’Abbaye aux Bois, 16 rue de Sèvres. Pendant plus de 30 ans cette «muse», cette Égérie, cette «reine de Beauté» amie notamment de madame de Staël et de Châteaubriant, a inspiré de nombreux peintres et des plus en vue, tels David, le baron Gérard ou Ingres, a suscité de nombreuses passions mais aussi certaines jalousies. 1 - B. Constant, Oeuvres, Gallimard Pleïade, 1957, p.935-936. 2 - A.N, MC LXIII 698. 3 - Anciennement rue de la chaussée d’Antin, rebaptisée rue du Mont Blanc à l’occasion du rattachement de la région du Mont Blanc au territoire français et qui reprend sa dénomination première. 4 – Johann Friedrich Reichardt (Maître de chapelle de Frédéric II) lettres intimes écrites de Paris en 1802-1803, Hambourg 1804. 5 - Jacques-Rose Récamier fait déjà appel à Berthault, avant son mariage, en son hôtel 9 rue du Mail. Louis Berthault est issu d’une lignée de maître maçons et de jardiniers. Nommé architecte de l’impératrice Joséphine en 1805, cette dernière lui demande de rajouter une galerie à la Malmaison pour accueillir ses collections. Il travaillera aussi au palais de Compiègne. 6 - Duchesse d’Abrantes, Histoire des salons de Paris, 1838, Tome IV, p.350. 7 - August F. von Kotzebue, Souvenirs de Paris en 1804, traduit de l’allemand par Guilbert de Pixérecout, Paris, 1805, 2 vol. 8 - Maria Teresa Caracciolo « Juliette Récamier et Percier: nouveaux dessins pour l’hôtel de la rue du Mont Blanc» in Les cahiers de l ’Histoire de l ’Art, 2014, n°12. 9 - Duchesse d’Abrantes, opus cit. 10 - Conservé aujourd’hui au musée du Louvre, n°inv. OA 11344 11 - Plans, coupes et élévations des plus belles maisons et des hôtels construits à Paris et dans ses environs,» pl.92. 12 - Conservée au Royal Institute of British Architecture (R.I.B.A), il sera l’architecte du British Museum 13 - G. Ledoux-Lebard, « Un apogée du Style Consulaire », in l’Estampille L’Objet d’Art, mars 1994, n° 278, p.74-76 14 - Archives nationales, MC XLII 817 INTRODUCTION Cette sculpture en marbre représentant une jeune femme dans une attitude pensive, vêtue d’un costume antique aux plissés complexes laissant apparaitre un sein généreux, les jambes croisés, un bras ceignant sa taille et l’index droit relevé vers son visage, a joué dès l’origine un rôle décisif dans la mise en scène imaginée par Berthault dans la chambre de Juliette Récamier. La gravure de l’album de l’architecte Krafft et du graveur Ransonnette daté de 1801/1802 représente la sculpture à gauche du lit, face au spectateur, posée sur un socle en acajou portant déjà le projet d’une inscription en lettres dorées. Accompagnée d’une légende en latin, Tutatur somno et amores conscia lecti, la sculpture a été nommée dans ce contexte intimiste et élégiaque, véritable ode à la Beauté néoclassique : le Silence. Son appartenance au « temple Récamier » l’a auréolé de mystère et de fascination, laissant dans l’oubli l’illustre modèle antique qui l’a inspiré, et dans l’ombre jusqu’au milieu du XXe siècle, l’artiste qui l’a sculpté, le lyonnais Joseph Chinard. JOSEPH CHINARD, LE SCULPTEUR DES RÉCAMIER Malgré l’absence de signature, l’important faisceau d’indices qui associe la statue au nom du sculpteur lyonnais nous invite à être formels sur la paternité de l’oeuvre. Tout d’abord l’évident contexte géographique, la ville de Lyon dont ils sont originaires, s’impose comme un trait d’union entre Chinard, Jacques Récamier, Juliette Bernard et ses parents. Nous avons la trace formelle que Chinard loge chez les Récamier lors de son premier séjour à Paris à la fin de l’année 1795 ou au début de l’année 1796. Difficile d’imaginer que le sculpteur soit l’invité du couple sans qu’ils ne se soient rencontrés auparavant. Nous pouvons donc supposer que Chinard et les Récamier se fréquentaient déjà dans les cercles de la haute société lyonnaise avant 1795. En 1798, Chinard est alors déjà un proche lorsqu’il modèle un buste de Juliette qu’il présente lors de sa première participation au Salon à Paris. Non mentionné dans le Livret officiel, il est décrit par un critique anonyme dans le Mercure de France, avec quelques réserves sur la composition, mais le modèle est déjà si célèbre que l’oeuvre connait un rapide succès. Cette année 1798 est aussi l’année de l’achat de l’hôtel de la rue du Mont Blanc et du début des travaux de Berthault. Entre 1801 et 1803 Chinard fait envoyer sa propre correspondance épistolaire chez les Récamier et ceux-ci abritent dans leur hôtel « différents bustes et statues, portraits, notamment celui de la Belle Madame Récamier » avant leurs présentations au Salon. Dans ce contexte de relation quasi familiale, comment un autre artiste pourrait-il avoir été imposé ou suggéré par le couple au décorateur Berthault pour sculpter le Silence qui veillera sur le sommeil de Juliette ? Depuis les travaux des Ledoux-Lebard en 1949-51, le Silence est identifié comme la Vestale présentée par Chinard au Salon des Arts de Lyon de 1786. Sans descriptif précis dans le livret, cette sculpture serait en réalité une figure en buste et par conséquent impossible à rapprocher du Silence. Chinard a pu rapporter une petite version du Silence en terre cuite de Rome sans la présenter à ce Salon de Lyon.Dans le Journal de Lyon en 1787, l’épouse de Chinard indique : « Chinard revint à Lyon en 1787 avec une infinités d’autres morceaux, soit de copies, soit de compositions originales... » Il a pu aussi copier la Sabine antique à Florence (où elle est exposée à partir de 1789) lors de son passage dans la ville toscane en 1792 après son emprisonnement, ou copier à Paris, en 1795, la version de Legros exposée au Jardin des Tuileries. Le monumental original antique, placé dans une niche, lors de sa conservation à la Villa Medici et en hauteur contre un mur après son transfert à Florence n’est pas visible sur toutes ses faces. Ainsi le dos de la sculpture de Legros est plus qu’une interprétation, c’est une véritable invention. Le Silence des Récamier reprend en grande partie les savants drapés et la coiffure si particulière de la sculpture des Tuileries. On peut tout à fait imaginer que Juliette Récamier, admirative de la Vestale de Pierre Legros qu’elle a pu voir aux Tuileries, ait demandé à Chinard de lui en faire une version plus petite, à l’échelle du décor imaginé pour sa chambre par Berthault. Si Chinard a tout aussi bien pu, en grande partie, copier Pierre Legros ou l’antique Sabine, il en fait, en tout état de cause, une interprétation toute personnelle. Le doux et paisible visage du Silence, bien éloigné de l’austère physionomie de la Sabine antique, n’est pas non plus semblable au visage presque juvénile de la statue de Legros. C’est un visage à la fois néo-classique et tout autant typique des morphotypes de Chinard aux lèvres charnues, au petit front et au bas du visage arrondi. Les traits réguliers du marbre des Récamier sont très proches de ceux de la Phryné sortant du bain (terre cuite, h. 71 cm, Paris, musée du Louvre, n°inv. RF 2010-02) ou encore dans une moindre mesure des traits plus sévères de la République (statuette, terre cuite, h. 35 cm, Paris, musée du Louvre, n°inv. RF 1883). Chinard est avant tout un modeleur, un adepte de la terre plutôt que du marbre. La virtuosité du drapé serré, complexe, souple et aérien, semble étonnamment le fruit d’un modelage délicat du bout des doigts plutôt que le résultat d’un travail au ciseau et au maillet taillant dans le marbre dur et cassant. On remarque aussi l’aspect mouillé et la coiffure particulière, le sein rond et haut placé qui nous renvoient à l’Andromède en terre cuite des premières années romaines du sculpteur, dont la version en marbre, inachevée, présente aussi de belles analogies (Persée et Andromède, terre cuite, 1786, H. 85 cm, Rome, Accademia nazionale di San Luca, n°inv. 3 et Persée et Andromède, groupe en marbre inachevé, vers 1791, H. 187 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts, n°inv. H810). Comment ne pas rapprocher la pose de Juliette quand elle fait modeler son portrait par Chinard avec celle du Silence ? Toutes les deux retiennent le drapé de la tunique tout en dévoilant « pudiquement » le même sein gauche. JOSEPH CHINARD, L’ÉGAL DES PLUS GRANDS Comme il se plait à le préciser de sa belle signature Chinard statuaire à Lyon ou Chinard de Lyon, Joseph Chinard est 16 un artiste avant tout lyonnais. C’est sans doute cet attachement à la « capitale des Gaules » qui est la cause du relatif oubli, ou tout du moins de la méconnaissance, de ce remarquable sculpteur, en comparaison des Pajou, Clodion ou Houdon qui ont plus fortement marqué la mémoire collective. Issu d’une famille modeste d’artisans, son père est « maître ouvrier en draps d’or, d’argent et de soie », Joseph Chinard reçoit une éducation assez solide pour pouvoir envisager une carrière d’ecclésiastique. Repéré par le peintre du roi Donat Nonotte (1708-1785), il est finalement admis à l’École royale de Dessin de Lyon en 1770. Formé à la sculpture dans cette vénérable institution, par Barthélemy Blaise (1738-1819), sculpteur au talent aimable et délicat, son destin artistique se lie dès cette époque avec sa ville natale. À seize ans, il reçoit une commande officielle pour la façade de l’Hôtel de ville. S’en suivent alors, avant même que le sculpteur ne finalise sa formation par l’indispensable voyage à Rome, de nombreuses commandes, tant pour des particuliers lyonnais que pour des édifices religieux. Soutenu par le mécénat du Chevalier de Lafont de Juis, ancien procureur du Bureau des Finances de Lyon, Chinard part pour Rome où son talent le fait rapidement remarquer. La découverte récente d’Herculanum, les écrits de Winckelmann, la présence de David et l’émergence de Canova influencent définitivement notre sculpteur dans ce qui sera la quête partagée par toute une génération, la recherche du Beau idéal. Au passage, et fait rarissime pour un artiste qui n’est pas pensionnaire du roi, Chinard remporte en 1786 l’illustre prix Balestra de l’Académie de Saint-Luc avec son groupe Persée délivrant Andromède (Persée et Andromède, terre cuite, 1786, H. 85 cm, Rome, Accademia nazionale di San Luca, n°inv. 3). Auréolé de ses succès romains, Chinard rentre à Lyon en 1787 en rapportant de nombreuses copies d’antiques taillées dans le beau marbre blanc de Carrare (certains conservés au musée des Beaux-Arts de Lyon, Ariane ou Bacchante, buste en marbre, H. 82 cm, inv.H808 ; Bacchus ou Bacchante, buste en marbre, H.85 cm, inv.H809, Laocoon, groupe en marbre, copie réduite d’après l’antique, H.83 cm, inv. A2913). Dès lors sa carrière semble lancée et l’artiste devient le portraitiste recherché de toute la haute société Lyonnaise. C’est sûrement à cette époque et dans ce contexte que le sculpteur, alors introduit dans les plus grandes maisons lyonnaises, fait la rencontre de l’illustre banquier Jacques Rose Récamier et de la famille de Juliette Bernard. Mais les troubles de la Révolution rebattent les cartes et Chinard, d’un caractère souple et habile, doit naviguer à vue pour vivre de son art et obtenir des commandes des différents gouvernements qui se succèdent. Durant cette époque confuse, Chinard invente et modèle dans la terre de nombreux groupes allégoriques révolutionnaires à l’iconographie complexe et souvent bavarde. On peut citer l’Amour de la Patrie (terre cuite, 1790, H.31 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts, n°inv.1962-3), Jupiter foudroyant l’Aristocratie (groupe en plâtre teinté, 1791, H. 15,5 cm, signé Chinard, Paris, musée du Louvre, n°inv. RF2477), Apollon foulant aux pieds la Superstition (groupe en plâtre teinté, 1791, H. 51 cm, titré, Paris, musée du Louvre, n°inv. RF2478), Hercule terrassant l’hydre du Fédéralisme, ou encore la République (terre cuite, 1794, H.35 cm, Paris, musée du Louvre, n°inv.RF1883). Peu de ces modèles, souvent en terre crue, nous sont parvenus et ce sont les archives ou la presse de l’époque qui nous renseignent sur la formidable qualité d’exécution de ses inventions aussi sophistiquées qu’éphémères. En raison de l’un de ses groupes pour le moins subversif aux yeux du Vatican, Apollon foulant aux pieds la superstition, modelé par Chinard lors de son second séjour romain en 1792, l’artiste est emprisonné au château Saint-Ange par la police papale. Il ne doit son salut qu’à une intervention officielle du gouvernement français emmenée par le peintre et ami du sculpteur, Jacques Louis David. Cette malheureuse aventure fait grand bruit et Chinard revient en France en « martyr de l’Ignorance ». Cet aura l’aide certainement à se rapprocher des commanditaires révolutionnaires. Ce statut ne lui évite pas une nouvelle arrestation sur la foi d’une obscure dénonciation liée à l’interprétation douteuse de l’un de ces groupes révolutionnaires La Liberté et l’Egalité. La carrière de Chinard s’organise alors entre Lyon, Paris (où il ne fait que de courts séjours et où il n’expose que six fois au Salon), et l’Italie. Après son malheureux séjour romain de 1792, sans rancune, il y retourne à quatre reprises jusqu’en 1808. Il modèle et sculpte sans relâche pour les collectionneurs lyonnais. Les portraits prestigieux, en buste ou en médaillon, succèdent aux allégories à caractère familial. C’est de cette période postrévolutionnaire et plus précisément de 1798 que date la première version du portrait de Juliette Récamier qui fera, en partie, sa célébrité. Le Consulat est une période faste pour Chinard. Il sculpte le buste de Napoléon Bonaparte (Napoléon Bonaparte,1801, buste en plâtre patiné, H. 77 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts n°inv.H813) ou le spectaculaire et célèbre Vase en l’honneur du couronnement de Napoléon et Joséphine, 1807, (Vase, terre cuite patinée, H. 67 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts, n°inv. A2918). Le futur empereur s’attache aussi à faire édifier dans toute la France des monuments commémorant la paix retrouvée. Chinard profite de cette manne qui s’offre aux sculpteurs proches du pouvoir et se voit confier de grands projets, dont Le monument à Desaix et la Paix. Pour sa chère ville natale, le sculpteur reçoit la commande de plusieurs monuments à la gloire de Bonaparte : le buste précité ou encore son Projet de monument au Premier Consul pour la place Bonaparte (aujourd’hui Place Bellecourt), dont l’esquisse démonstrative et spectaculaire est aujourd’hui conservée au musée de la Malmaison (terre cuite, H. 35 x 18 cm, Rueil Malmaison, châteaux de Malmaison et Bois préau inv. N31). Il s’installe même, entre 1804 et 1808, à Carrare où se joue la production des Napoléonides. Il semble s’intéresser plus particulièrement au champ des arts décoratifs dont il expose des exemplaires au Salon de 1808 à Paris. Il réalise surtout son célèbre grand buste à mi-corps avec bras de Juliette Récamier (Joseph Chinard, Madame Récamier, 1805-06, marbre de Carrare, H. 80 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts, n°inv B 871). Ce buste est l’illustration même de l’injustice de l’histoire au regard de la carrière de ce grand sculpteur. Pourtant iconique et largement diffusée avec le consentement (et même les encouragements) de la portraiturée, cette extraordinaire oeuvre était donnée jusqu’au début du XXe siècle au sculpteur Jean-Antoine Houdon (1741-1828). Ce portrait correctement réattribué tardivement est considéré aujourd’hui comme une oeuvre majeure de la fin du XVIIIe siècle. La mise en lumière de la sculpture du Silence rend également hommage à ce grand artiste enfin estimé à sa juste valeur. LA STATUE DU SILENCE DANS L’HÔTEL RÉCAMIER Dans le luxueux et intime ensemble à tonalité anacréontique imaginé à partir de 1798 par Berthault pour la chambre à coucher de Juliette Récamier, le modèle de cette sculpture de marbre, connue à l’époque sous plusieurs désignations comme Prisonnière barbare à Florence et Vestale, Vénus du Liban, Vénus rêveuse, ou à la triste pensée en bordure de la Seine, s’en pare d’une nouvelle. Notre oeuvre, « réduite » aux dimensions idéales d’un « objet d’art », théâtralisée par le socle en acajou créé expressément par Jacob-Frères, est contextualisée par l’inscription latine : « Tutatur somno et amores conscia lecti» (elle protège les songes et les amours, complice de la couche). Comme le mentionne Madame Cazenove d’Arlens, cette lyonnaise compatriote de Mme Récamier qui visite l’Hôtel de la rue Mont-Blanc en 1803, la statue représente dans ce lieu l’allégorie du silence 1. La présence et la situation de l’oeuvre dans la chambre nous sont connues grâce à la célèbre planche de la décoration de la chambre à coucher de Mme Récamier, publiée en 1801 et 1803 dans le recueil Les plus belles maisons de Paris et des environs (pl.92), de l’architecte Kraff et du graveur Ransonnette. La sculpture est placée à gauche de l’estrade du lit en acajou aux lourdes tentures, séparée seulement par un petit meuble formant jardinière dans lequel s’évasent des fleurs. Avec la couleur immaculée du marbre se distinguant des tonalités foncées de l’acajou et des dorures dominantes, la sculpture de la jeune femme vêtue à l’antique, , l’index proche de la bouche, invite les visiteurs et les admirateurs au divin silence, protecteur du sommeil de sa rayonnante maîtresse. La renommée de cette sculpture dotée d’un pouvoir protecteur et presque divin semble avoir, par un amusant chassé-croisé des connaissances entre les copies, contribué à changer la dénomination de la Vestale de Legros. Louis Philipon de la Madeleine précise effectivement dans la seconde édition de son Guide, après ses justifications pour le titre de Vestale, « c’est ce qui la fait regarder par quelques personnes comme la divinité du Silence. Mais le caractère propre du Silence est d’avoir un doigt sur la bouche... D’autres personnes voient ici la Méditation, la Réflexion, la Pensée... ». La tentative de décrire l’oeuvre dépasse sa description physique pour désormais souligner sa symbolique. Fait suffisamment important pour être mentionné, le Silence est l’unique oeuvre sculptée présente dans la chambre à coucher de Juliette Récamier. Que ce soit l’originale colossale exposée à Florence ou bien la copie de Legros, sujet de conservations érudites qui lui a servi de référence, Le Silence se devait de représenter la Statuaire Néoclassique et le plus parfait prototype du style « à la Grecque » prôné par l’architecte Berthault. Non signée (c’est couramment l’usage dans l’exécution de copies d’après l’antique) et faute de sources historiques mentionnant une commande ou un achat, l’artiste du Silence n’a été identifié que tardivement. Bien que la chambre de Juliette Récamier ait été l’objet de l’admiration de ses contemporains et décrite dans de nombreux témoignages littéraires au XIXe siècle, il a fallu attendre les études réalisées par René, Guy et Christian Ledoux- Lebard pour que les objets d’art, les meubles et leurs concepteurs ne soient identifiés. Ce n’est qu’en 1949 que les historiens de l’art retrouvent physiquement la sculpture du Silence dans une des branches des héritiers de la famille Mosselman. Ils en donnent alors la paternité à l’artiste lyonnais Joseph Chinard en mettant en exergue ses liens avec la famille Récamier 2. Le sculpteur, au fait du modèle antique et des goûts de l’époque, s’est alors inspiré d’un antique des plus renommés à la fin du XVIIIe siècle qui est alors au coeur d’un réel débat sur sa dénomination… 1 - « De l’autre côté du lit, au chevet, est la statue du Silence : elle est en marbre blanc ». Madame Cazenove d’Arlens, 1903, p.79. UNE OEUVRE RÉALISÉE D’APRÈS UN CÉLÈBRE ANTIQUE DE LA VILLA MEDICI Sabine, Véturie, Agrippine, Vestale, Dame romaine, prisonnière barbare, Dame Grecque, Polymnie, Vénus du Liban ou à la triste pensée, Le Silence, Thusnelda… Autant de noms ont été avancés par les artistes, auteurs et historiens de l’art successifs pour nommer cette célèbre sculpture d’époque romaine dont Juliette Récamier possède la remarquable interprétation en marbre. La sculpture originale de taille monumentale (H.229 cm) est datée de l’époque de Trajan (53-117). Elle a été excavée dans la première moitié du XVIe siècle en même temps que cinq autres statues colossales que l’on a nommées dès l’origine les Sabines, d’une zone aménagée entre le forum romain et les pentes du Quirinal à Rome. Acquise d’abord par la famille Capranica della Valle en 1541, elle rejoint l’importante collection d’antiques du Cardinal Ferdinand de Medici, fils du grand-duc Cosme Ier, au même titre que quelques cent quatre-vingt autres antiques, pour la somme colossale de 15564 ducats. Elle est alignée avec les cinq autres Sabines dans la Loggia de la Villa Medici dès 1598. À ce titre, elle côtoie les plus célèbres groupes antiques, les Lutteurs, le Rémouleur, les Niobides, etc. Devenu Grand-Duc en 1587, le Cardinal de Medici quitte définitivement Rome pour Florence tout en laissant sur place ses collections d’antiques. Ces dernières ne commencent leurs transferts pour les Offices qu’en 1677, moment où Cosme III y fait transporter la Vénus Médicis, le Rémouleur et les Lutteurs. La Villa Medici et ses collections demeurent accessibles au public pour le plus grand bonheur de générations d’artistes européens venus se former dans la Capitale des Arts. Les Sabines bénéficient, en outre, d’une renommée fondée sur la croyance répandue au XVIIIe siècle qu’elles auraient été placées par Michel-Ange en personne sous la Loggia Medici. L’aura de ce groupe, son intérêt archéologique et son illustre appartenance conduisent de nombreux artistes à le copier. LES COPIES FRANÇAISES DE LA SABINE AUX XVIIE ET XVIIIE SIÈCLES Dès 1638, le célèbre peintre français François Perrier (1594-1649) copie les Sabines dans son ouvrage Segmenta nobilium signorum et statuarum. Le peintre, impliqué dans le second quart du XVIIe siècle dans la politique affirmée de « transporter Rome à Paris », exécute deux recueils de gravures à l’eau-forte d’après les antiques lors de son séjour romain entre 1634 et 1645. Notre Sabine originale est ainsi reproduite dans son premier recueil comprenant cent planches illustrant quatre-vingt-quatorze statues des plus célèbres parmi lesquelles, vingt-quatre antiques appartenant à la famille Medici (du Laocoon à Antinoüs pour les figures masculines et de la Minerve Giustiniani à la Vénus Medici pour les figures féminines). L’antique qui nous intéresse, représentée sous le n°76, est connue sous le nom de Véturie, cette illustre Sabine, modèle idéal de la matrone romaine qui réussit à convaincre son fils Coriolan d’épargner Rome. En 1643 l’héroïne romaine est aussi copiée par le jeune Charles Le Brun lors de son séjour à Rome en compagnie de Nicolas Poussin. Le recueil de dessin nommé Livre d’antiques tirés d’après celles qui sont à Rome (Paris, BNF, fonds français n°17217) destiné à son protecteur Pierre Séguier la représente deux fois, de trois quart gauche et droite (folii 18 et 20). Il la nomme alors Agrippine, identifiant cette noble femme drapée à l’impératrice romaine, fille de Germanicus et mère de Néron et ayant sans doute interverti deux des Sabines de la Villa Medici1. Le succès de cet antique diffusé alors principalement par des gravures (et notamment en France par ce fameux recueil de François Perrier), se manifeste également par la commande faite en 1792/1793 par le directeur de l’Académie de France à Rome, Matthieu de La Teulière, au sculpteur Pierre Legros. 1 - En 1724 (III, p.34) Montfaucon écrit à propos de ce dessin « l’Agrippine que M. Le Brun dessina à Rome a bien plus l’air de la Mère de Néron : elle parait triste. Et pensant profondément à quelque chose, serait-ce dans le tems des déboires que lui donnait son fils Néron, qui la fit enfin mourir ? Quoiqu’il en soit, cette statue méritoit bien
BUREAU PLAT Par Georges II JACOB (1768-1803) et François-Honoré-Georges JACOB (1770-1841), dits JACOB-FRÈRES, RUE MESLÉE (1796-1803) Paris, époque Consulat, vers 1800 Matériaux Bâti de chêne, acajou et placage dacajou, bronzes dorés et cuir doré aux petits fers Estampillé JACOB-FRERES / RUE MESLEE H. 73,5 cm, L. 147 cm, P. 74,5 cm Ce bureau plat en acajou et placage dacajou présente une large ceinture ouvrant à trois tiroirs en façade. Il repose sur quatre pieds cambrés terminés en griffes de lion et réunis deux à deux sur les petits côtés par un tablier en arbalète mouluré de volutes et fleurons. Le plateau est couvert dun cuir maroquin orné dun liseré doré aux petits fers et se complète de deux tablettes latérales également garnies de cuir. Une importante ornementation en bronze doré rythme les petits côtés ainsi que le centre de la façade, constituée de deux sphinges ailées et affrontées aux corps terminés en volutes, dune rosace dans un encadrement hexagonal et de deux lions ailés. Il porte lestampille des frères Jacob, alors installés rue Meslée fixant donc la réalisation de ce meuble entre 1796, date de création de la Maison Jacob et 1803, année de la disparition de Georges II. Le survivant des deux frères, François-Honoré-Georges poursuivit lactivité et fonda avec son père Georges (1739-1814) la maison Jacob-Desmalter. Illustres représentants du style Consulat puis Empire, les frères Jacob firent office de précurseurs en matière mobilière. Avec laide des ornemanistes Percier et Fontaine, ils créèrent un style répondant aux exigences politiques de légitimation du nouveau régime en se référant aux modèles antiques adaptés aux besoins contemporains. Les lignes puissantes, imposantes, rigoureuses de ce bureau répondent à ce nouvel esprit. Ce modèle fut repris par Jacob-Desmalter, notamment avec le bureau plat du Prince Roland Napoléon Bonaparte (1858-1924), dune part dans le schéma général, mais aussi dans la forme du piètement tout en volume, du tablier mouluré sur les petits côtés, de la ceinture large et rectiligne et de lornementation des bronzes dorés rythmant la ceinture. A plus grande échelle, le bureau mécanique conservé au Musée National du château de Fontainebleau reprend également ce dessin.
BUREAU PLAT « AUX LIONS AILÉS » Attribué à la Maison JACOB FRÈRES (1796-1803), Georges II JACOB (1768-1803) et François-Honoré-Georges JACOB (1770-1841) Paris, époque Consulat Matériaux Acajou, bronzes dorés et patinés H. 74 cm, L. 145,5 cm, P. 80,5 cm € 80 000 - 120 000 Ce rare bureau en acajou et placage d'acajou, aux proportions harmonieuses, est caractéristique de l'Œuvre de la célèbre Maison Jacob Frères auquel il est attribué. Il ouvre en ceinture par deux tiroirs de longueur et deux tirettes latérales tendues de cuir, à l'instar du plateau. La ceinture est agrémentée de deux lions ailés affrontés en bronze ciselé et doré encadrant un losange centré d'une fleurette. Le dessin des pieds à décor également de lions ailés en bronze patiné est en effet directement inspiré des répertoires gravés de Percier et de Fontaine, les célèbres architectes-décorateurs de Bonaparte, et très proches collaborateurs des frères Jacob. Notre bureau trouve des échos directs dans les répertoires décoratifs de plusieurs meubles majeurs, comme les lions ailés du piètement du bureau de la bibliothèque du Premier Consul au château de Malmaison, provenant du palais des Tuileries, une importante table conservée au Grand-Trianon à Versailles, exécutée par Jacob-Desmalter, ou encore une paire de consoles en bois doré, également par Jacob-Desmalter, aujourd'hui conservée au château de Fontainebleau. Si Georges Jacob (1739-1814) et ses deux fils, Georges II (1768-1803) et François-Honoré-Georges (1770-1841), ne furent pas les seuls à produire de tels meubles sous le Consulat et l'Empire, leur influence sur leurs confrères à travers la création de nouveaux modèles fut en revanche incontestable. Elle était de surcroît doublée d'une audace et d'un savoir-faire incomparables. Le 13 avril 1796, sans cesser cependant de les conseiller, le père céda son entreprise à ses deux fils qui optèrent dès lors pour l'appellation Jacob Frères. Ils produisirent pendant cette période Directoire-Consulat les meubles les plus séduisants qui soient jamais sortis de leur atelier. Le mérite en revient assurément pour une grande part au frère cadet, François- Honoré-Georges, eu égard à ses talents de dessinateur. Médaillé d'or à la seconde Exposition des Produits de l'Industrie, celle de l'an IX (1801), ils livrèrent le mobilier de la maison de Bonaparte, rue Chantereine, commandé en 1797 par Joséphine. Ils meublèrent également l'hôtel de Juliette Récamier ou encore celui du Général Moreau. En 1803, après la disparition de Georges II (octobre), le père fonda une nouvelle association de neuf ans avec son second fils. La maison prit le nom de Jacob-Desmalter et Cie.
SECRÉTAIRE EN CABINET " AU CHAR D'APOLLON "Attribué à JACOB DESMALTER & Cie (1803-1813),Georges JACOB (1739-1814) et François-Honoré- Georges JACOB (1770-1841) et Pierre-Philippe THOMIRE (1751-1873) Reçu Maître Fondeur Ciseleur en 1772 Paris Epoque Empire vers 1805-1810 MATÉRIAUX: Acajou bronzes dorés marbre vert et cuir H. 125 cm L. 89 cm P. 42,5 cm
SUITE DE QUATRE FAUTEUILS " CURULE "Par JACOB FRÈRES Georges II JACOB (1768-1803) et François-Honoré-Georges JACOB (1770-1841) Paris époque Consulat vers 1800 MATÉRIAU: Acajou H. 91 cm L. 66 cm P. 61 cm
TABLE DE TOILETTE LIVRÉE EN 1806 POUR MADAME MÈRE AU PALAIS DE FONTAINEBLEAU Par JACOB-DESMALTER et Cie (1803-1813) - Georges JACOB (1739-1814) et François-Honoré-Georges JACOB (1770-1841) Paris, époque Empire, 1806 MATÉRIAUX Acajou ronceux, acajou, bronzes dorés, cuir, granit gris et métal Marque au fer : FON et trois fleurs de lys sous une couronne fermée, le tout dans un ovale ; ainsi que des numéros d'inventaire au pochoir : F 4325 ; 213 F 7534 ; F 1656 ; F 1025 H. 77,5 cm, L. 90 cm, P. 55 cm € 30 000 - 50 000 Cette table de toilette porte la marque au fer du Château de Fontainebleau employée à la Restauration. Cet élégant meuble en acajou et placage d'acajou fut livré par Jacob-Desmalter, principal fournisseur du mobilier impérial, en 1806 pour garnir la chambre à coucher de Laetizia Bonaparte (1750-1836), mère de l'Empereur . Dans le mémoire du 31 octobre 1806, cette table de toilette est ainsi décrite : « une toilette en très beau bois d'acajou ronceux de trois pds (pieds) 6o (pouces) de large, le dessus se levant avec glace, retenu par un crampon en fer poli ajusté avec une crémaillère en cuivre, l'intérieur avec marbre, la ceinture garnie d'un tiroir fermant par un secret ajusté dessous, le bas des pieds en forme de patin à rognon, dessous lesquels sont ajustés des roulettes en cuivre, le tout fait et poli avec beaucoup de soin... 500 ». Envoyée à Fontainebleau le 25 Août 1806 et entrée le 27, la table se trouvait à l'emplacement prévu de la chambre à coucher : « une toilette en bois d'acajou montée sur deux patins et deux pilastres avec une glace dans l'intérieur, encadrée en cuivre et une tablette en marbre granit noir, encadré en bois d'acajou, un tiroir sur le devant fermant à locteau hauteur 78 Longr 90 largr 57c ». La table est sortie du Palais avant 1894. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Hector Lefuel, François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, ébéniste de Napoléon Ier et de Louis XVIII, Paris, 1925, p. 257 Jean-Pierre SAMOYAULT, Meubles entrés sous le Premier Empire, Fontainebleau, Musée national du Château, catalogue des collections de mobilier 3, Paris, 2004, p. 411, cat. n°380
LIT Par JACOB FRÈRES, Georges JACOB (1763-1803) et François-Honoré-Georges JACOB (1770-1841) D'après le modèle dessiné par l'architecte Louis-Martin BERTHAULT (1770-1823) livré par JACOB FRERES en 1799 à Madame Juliette Récamier (1777-1849) Paris, époque Directoire, vers 1798 MATÉRIAUX Acajou, bronzes dorés et patinés H. 110 cm, L. 226 cm, L. 150 cm Dimensions intérieures : L. 197 cm, P. 130 cm € 80 000 - 100 000 Ce lit, aux lignes sobres et épurées, réalisé au crépuscule du XVIIIe siècle, présente déjà toutes les caractéristiques du style Empire. Conçu pour être parallèle au mur, sa forme générale, très rigoureuse, est adoucie par la traverse centrale incurvée et les dossiers surmontant le pied et la tête. Reposant sur une plinthe rectiligne, les quatre larges montants accueillent en leur sommet des cygnes en bronze patiné aux ailes déployées et au long cou recourbé. Une riche ornementation de bronzes dorés couvre la face exposée du lit, deux femmes ailées portant une palmette sur lesmontants, une frise de palmettes, volutes et médaillons de profils à l'antique sur la traverse. Sa structure, en forme de bateau, est très proche du lit livré vers 1799 par Jacob Frères à l'Hôtel Récamier pour meubler la chambre de Juliette et aujourd'hui conservé au Musée du Louvre. Seule l'ornementation en bronze doré présente des variantes à notre modèle qui semblent tous être issus des recherches de Charles Percier dont le Metropolitan Museum de New York conserve un croquis d'étude de lits. En 1798, le banquier Jacques-Rose Récamier acquiert l'Hôtel particulier de Necker et confie à l'architecte Louis-Martin Berthault (1770-1823) la décoration intérieure des appartements. Elève de Charles Percier, il est possible qu'il ait collaboré avec son ancien maître ou tout au moins en ait été fortement influencé. L'architecte accorda un soin tout particulier à la Chambre de Juliette Récamier . Des projets de 1798 sont connus par les gravures du recueil de Krafft et Ransonnette, publié en 1802. Cette édition permis la diffusion de ce nouveau type de lit et de cette ornementation, en particulier les cygnes, les rinceaux, les palmettes et le motif de la guirlande. Avec le mobilier du Général Moreau conservé au château de Fontainebleau et celui de l'Hôtel Récamier, notre lit est l'un des rares exemples de créations d'ébénisterie sous le Directoire. RÉFÉRÉNCES BIBLIOGRAPHIQUES : Michel Beurdeley, Jacob et son temps, éd. Monelle-Hayot, 2002 Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tennenbaum, Amaury Lefébure, Le Mobilier du Musée du Louvre, Dijon, 1993, t.1, p.304 Denise Ledoux-Lebard, Les ébénistes du XIXe siècle, 1785-1889, leurs oeuvres et leurs marques, Paris, 1985
PRUNK-BETT 'EN BATEAU', Consulat/Empire, nach Vorlagen von C. PERCIER (Charles Percier, 1764-1838) und P. FONTAINE (Pierre François Léonard Fontaine, Pontoise 1762-1853 Paris), JACOB FRERES RUE MESLEE (Zusammenarbeit von Georges II Jacob, 1768-1803, und François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803) zuzuschreiben, die Bronzen von P.P. THOMIRE (Pierre Philippe Thomire, 1751-1843), Paris um 1800/03. Mahagoni profiliert. Barkenförmiger Korpus mit gleich hohen, ausladenden Kopf- und Fussteilen auf gerader, profilierter Zarge mit stilisierten Volutenfüssen. Ausserordentlich feine, matt- und glanzvergoldete Bronzebeschläge und -applikationen in Form von Greifen, Viktorien, Blattwerk, Jagdhunden, Schmetterlingen, Ranken, Putti, Girlanden, Medaillons, Rosetten, Voluten und Brunnen mit Löwenkopf. Etwas zu überholen. Aussenmasse 220x130x110 cm. Provenienz: - Der Überlieferung nach gefertigt für Jean Toussaint Arrighi de Casanova, Duca von Padova, anlässlich des Besuchs von Kaiser Napoleon im Schloss Courson. - Aus einer europäischen Privatsammlung. Der aus Korsika stammende Jean-Toussaint Arrighi de Casanova war ein Verwandter von Kaiser Napoleon. Vor und während des Napoleonischen Kaiserreichs stand er in militärischen Diensten und beteiligte sich erfolgreich bei zahlreichen grossen Schlachten. Napoleon ernannte ihn zum Herzog von Padua und schenkte ihm grosse Ländereien in Deutschland. 1815 sandte der Kaiser de Casanova nach Korsika, wo dieser aber eine Niederlage erlitt. Er wurde beschuldigt, die Unabhängigkeit der Insel angestrebt zu haben, und deswegen ausgestossen. 1820 hob man die Bestrafung auf; de Casanova zog sich auf seinen Landsitz Courson zurück. Später engagierte er sich wieder politisch für die bonapartistische Partei. P.F.L. Fontaine war ein französischer Architekt und Kunsthistoriker. Im Atelier seines Lehrmeisters Peyre le Jeune lernte er 1779 Charles Percier kennen; diese Begegnung blieb nicht ohne Folgen. Ein mehrjähriges Stipendium ermöglichte Fontaine das Studium in Rom, wo er wiederum auf Percier traf. Mit Tausenden von Blättern und Skizzen in seiner Mappe und stets mit dem italienischen Seicento beschäftigt kehrte Fontaine über Florenz, Mantua und Genua 1792 zusammen mit Percier nach Paris zurück; da er hier aber in den Wirren der Revolution keine Beschäftigung fand, ging er nach London, wo er sich hauptsächlich kunstgewerblichen Arbeiten widmete. 1794 rief ihn Percier nach Paris zurück, da dieser für seine Dekorationen der Oper und das Théâtre Français Fontaines Hilfe benötigte; bald darauf wurden beide zu Direktoren der Dekorationsabteilung an der Oper ernannt. Von nun an arbeiteten Fontaine und Percier stets zusammen. In den Jahren darauf waren die als Bühnendekorateur für Oper und Schauspiel tätig und statteten römische Tugendspektakel im antiken Stil aus. Ihre Erfolge in diesem Genre verschafften ihnen ab 1796 die ersten Aufträge für Innendekorationen bei der Gesellschaft des Directoire - bei Financiers, Heereslieferanten, Generälen und Schauspielern. Die von Fontaine und Percier geschaffene Neuausstattung des Palais Chauvelin fand derart Anklang, dass der Maler David die beiden dem Ersten Konsul Napoleon Bonaparte vorstellte. Nach dem ersten Auftrag von Napoleon, der Ausbau des Schlosses Malmaison, wurden Fontaine und Percier 1799 zu offiziellen Architekten des Ersten Konsuls Bonaparte ernannt. 1806/07 entstand ihr Hauptwerk, der Arc de Triomphe du Carrousel. Gleichzeitig nahmen sie den Bau der Verbindungsgalerie zwischen Tuilerien und Louvre in Angriff, zudem waren in den Schlössern Chambord, Fontainebleau, Saint-Cloud, Compiègne, Versailles und in einigen Residenzen ausserhalb Frankreichs tätig (Strassburg, Venedig). 1807 wurde Fontaine zum Ersten Hofarchitekten des Kaisers ernannt; er behielt seinen Posten auch während der politischen Wirren, fungierte als Chef der Obersten Baubehörde und des Hofbauamtes während der Regierungszeit von Louis XVIII., der ihn als Hofarchitekten übernommen hatte und ihn alle angefangenen Arbeiten weiterführen liess. 1814 löste sich das Arbeitsverhältnis zwischen Fontaine und Percier, der sich ins Privatleben zurückzog. Fontaine blieb auch für Charles XX. und Louis-Philippe tätig und diente auch noch der Zweiten Republik bis zu seinem Tod 1853. Fontaines und Perciers Einfluss auf das Kunstgewerbe ihrer Zeit war sehr bedeutend; sie gelten als die eigentlichen Schaffer des 'style Empire'. C. Percier war ein Pariser Architekt; im Atelier von Peyre le Jeune lernte er 1779 P.F.L. Fontaine kennen. 1794 rief Percier seinen Berufskollegen und Freund Fontaine, der nach London gereist war, nach Paris zurück, da er dessen Hilfe für die Dekorationen der Oper und das Théâtre Français benötigte; bald darauf wurden beide zu Direktoren der Dekorationsabteilung an der Oper ernannt. Von nun an arbeiteten Fontaine und Percier stets zusammen. In den Jahren darauf waren die als Bühnendekorateur für Oper und Schauspiel tätig und statteten römische Tugendspektakel im antiken Stil aus. Ihre Erfolge in diesem Genre verschafften ihnen ab 1796 die ersten Aufträge für Innendekorationen bei der Gesellschaft des Directoire - bei Financiers, Heereslieferanten, Generälen und Schauspielern. Die von Fontaine und Percier geschaffene Neuausstattung des Palais Chauvelin fand derart Anklang, dass der Maler David die beiden dem Ersten Konsul Napoleon Bonaparte vorstellte. Nach dem ersten Auftrag von Napoleon, der Ausbau des Schlosses Malmaison, wurden Fontaine und Percier 1799 zu offiziellen Architekten des Ersten Konsuls Bonaparte ernannt. 1806/07 entstand ihr Hauptwerk, der Arc de Triomphe du Carrousel. Gleichzeitig nahmen sie den Bau der Verbindungsgalerie zwischen Tuilerien und Louvre in Angriff, zudem waren in den Schlössern Chambord, Fontainebleau, Saint-Cloud, Compiègne, Versailles und in einigen Residenzen ausserhalb Frankreichs tätig (Strassbourg, Venedig). 1814 löste sich das Arbeitsverhältnis zwischen Fontaine und Percier, der sich ins Privatleben zurückzog. Fontaines und Perciers Einfluss auf das Kunstgewerbe ihrer Zeit war sehr bedeutend; sie gelten als die eigentlichen Schaffer des 'style Empire'. IMPORTANT BED 'EN BATEAU', Consulat/Empire, after designs by C. PERCIER (Charles Percier, 1764-1838) and P. FONTAINE (Pierre Francois Leonard Fontaine, Pontoise 1762-1853 Paris), attributed to JACOB FRERES RUE MESLEE (collaboration of Georges II Jacob, 1768-1803, and Francois-Honore-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803), the bronzes by P.P. THOMIRE (Pierre Philippe Thomire, 1751-1843), Paris circa 1800/03. Shaped mahogany. Exceptionally fine, matte and polished gilt bronze mounts and applications. Some restoration required. External dimensions 220x130x110 cm. Provenance: - According to tradition, delivered for Jean Toussaint Arrighi de Casanova, Duc de Padoue, on the occasion of Napoleon's visit to Chateau de Courson. - From a European private collection.
TABLE TRICOTEUSE en acajou et placage d'acajou. Elle ouvre par un abattant découvrant deux petits casiers, une pochette et un tiroir en ceinture. Elle repose sur des pieds à patin à double évolution réunis par une tablette d'entrejambe. Modèle de Jacob Frères, Georges II Jacob (1768-1803) et François- Honoré Georges Jacob (1770-1841) Époque Empire H 73, L 56, P 37,5 cm
IMPORTANT BED 'EN BATEAU',Consulat/Empire, after designs by C. PERCIER (Charles Percier, 1764-1838) and P. FONTAINE (Pierre Francois Leonard Fontaine, Pontoise 1762-1853 Paris), attributed to JACOB FRERES RUE MESLEE (collaboration of Georges II Jacob, 1768-1803, and Francois-Honore-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803), the bronzes by P.P. THOMIRE (Pierre Philippe Thomire, 1751-1843), Paris circa 1800/03. Shaped mahogany. Exceptionally fine, matte and polished gilt bronze mounts and applications. Some restoration required. External dimensions 220x130x110 cm. Provenance: - According to tradition, delivered for Jean Toussaint Arrighi de Casanova, Duc de Padoue, on the occasion of Napoleon's visit to Chateau de Courson. - From a European private collection. PRUNK-BETT 'EN BATEAU', Consulat/Empire, nach Vorlagen von C. PERCIER (Charles Percier, 1764-1838) und P. FONTAINE (Pierre François Léonard Fontaine, Pontoise 1762-1853 Paris), JACOB FRERES RUE MESLEE (Zusammenarbeit von Georges II Jacob, 1768-1803, und François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803) zuzuschreiben, die Bronzen von P.P. THOMIRE (Pierre Philippe Thomire, 1751-1843), Paris um 1800/03. Mahagoni profiliert. Barkenförmiger Korpus mit gleich hohen, ausladenden Kopf- und Fussteilen auf gerader, profilierter Zarge mit stilisierten Volutenfüssen. Ausserordentlich feine, matt- und glanzvergoldete Bronzebeschläge und -applikationen in Form von Greifen, Viktorien, Blattwerk, Sphingenmaskaron, Jagdhunden und Zierfries. Etwas zu überholen. Aussenmasse 220x130x110 cm. Provenienz: - Der Überlieferung nach geliefert für Jean Toussaint Arrighi de Casanova, Duca von Padova, anlässlich des Besuchs von Napoleon im Schloss Courson. - Aus einer europäischen Privatsammlung. Der aus Koriska stammende Jean-Toussaint Arrighi de Casanova war ein Verwandter Napoleons. Vor und während des Napoleonischen Kaiserreichs stand er in militärischen Diensten und beteiligte sich erfolgreich bei zahlreichen, grossen Schlachten. Napoleon zeichnete ihn mit dem Titel des Herzogs von Padua aus und schenkte ihm grosse Ländereien in Deutschland. 1815 sandte ihn der Kaiser nach Korsika, nach dessen Niederlage, wurde er beschuldigt die Unabhängigkeit der Insel angestrebt zu haben und aufgrund dessen ausgestossen. 1820 hob man seine Bestrafung auf und er zog sich auf seinen Landsitz Courson zurück. Später engagierte er sich wieder in der Politik für die bonapartistische Partei. P.F.L. Fontaine war ein französischer Architekt und Kunsthistoriker. Im Atelier seines Lehrmeisters Peyre le Jeune lernte er 1779 Charles Percier kennen; diese Begegnung blieb nicht ohne Folgen. Ein mehrjähriges Stipendium ermöglichte Fontaine das Studium in Rom, wo er wiederum auf Ch. Percier traf. Mit Tausenden von Blättern und Skizzen in seiner Mappe und stets mit dem italienischen Seicento beschäftigt kehrte Fontaine über Florenz, Mantua und Genua 1792 zusammen mit Percier nach Paris zurück; da er hier aber in den Wirren der Revolution keine Beschäftigung fand, ging er nach London, wo er sich hauptsächlich kunstgewerblichen Arbeiten widmete. 1794 rief ihn Percier nach Paris zurück, da dieser für seine Dekorationen der Oper und das Théâtre Français Fontaines Hilfe benötigte; bald darauf wurden beide zu Direktoren der Dekorationsabteilung an der Oper ernannt. Von nun an arbeiteten Fontaine und Percier stets zusammen. In den Jahren darauf waren die als Bühnendekorateur für Oper und Schauspiel tätig und statteten römische Tugendspektakel im antiken Stil aus. Ihre Erfolge in diesem Genre verschafften ihnen ab 1796 die ersten Aufträge für Innendekorationen bei der Gesellschaft des Directoire - bei Financiers, Heereslieferanten, Generälen und Schauspielern. Die von Fontaine und Percier geschaffene Neuausstattung des Palais Chauvelin fand derart Anklang, dass der Maler David die beiden dem Ersten Konsul Napoleon Bonaparte vorstellte. Nach dem ersten Auftrag von Napoleon, der Ausbau des Schlosses Malmaison, wurden Fontaine und Percier 1799 zu offiziellen Architekten des Ersten Konsuls Bonaparte ernannt. 1806/07 entstand ihr Hauptwerk, der Arc de Triomphe du Carrousel. Gleichzeitig nahmen sie den Bau der Verbindungsgalerie zwischen Tuilerien und Louvre in Angriff, zudem waren in den Schlössern Chambord, Fontainebleau, Saint-Cloud, Compiègne, Versailles und in einigen Residenzen ausserhalb Frankreichs tätig (Strassbourg, Venedig). 1807 wurde Fontaine zum Ersten Hofarchitekten des Kaisers ernannt; er behielt seinen Posten auch während der politischen Wirren, fungierte als Chef der Obersten Baubehörde und des Hofbauamtes während der Regierungszeit von Louis XVIII., der ihn als Hofarchitekten übernommen hatte und ihn alle angefangenen Arbeiten weiterführen liess. 1814 löste sich das Arbeitsverhältnis zwischen Fontaine und Percier, der sich ins Privatleben zurückzog. Fontaine blieb auch für Charles XX. und Louis-Philippe tätig und diente auch noch der Zweiten Republik bis zu seinem Tod 1853. Fontaines und Perciers Einfluss auf das Kunstgewerbe ihrer Zeit war sehr bedeutend; sie gelten als die eigentlichen Schaffer des 'style Empire'. Ch. Percier war ein Pariser Architekt; im Atelier von Peyre le Jeune lernte er 1779 P.F.L. Fontaine kennen - diese Begegnung blieb nicht ohne Folgen.1794 rief Percier seinen Berufskollegen und Freund Fontaine, der nach London gereist war, nach Paris zurück, da er dessen Hilfe für die Dekorationen der Oper und das Théâtre Français benötigte; bald darauf wurden beide zu Direktoren der Dekorationsabteilung an der Oper ernannt. Von nun an arbeiteten Fontaine und Percier stets zusammen. In den Jahren darauf waren die als Bühnendekorateur für Oper und Schauspiel tätig und statteten römische Tugendspektakel im antiken Stil aus. Ihre Erfolge in diesem Genre verschafften ihnen ab 1796 die ersten Aufträge für Innendekorationen bei der Gesellschaft des Directoire - bei Financiers, Heereslieferanten, Generälen und Schauspielern. Die von Fontaine und Percier geschaffene Neuausstattung des Palais Chauvelin fand derart Anklang, dass der Maler David die beiden dem Ersten Konsul Napoleon Bonaparte vorstellte. Nach dem ersten Auftrag von Napoleon, der Ausbau des Schlosses Malmaison, wurden Fontaine und Percier 1799 zu offiziellen Architekten des Ersten Konsuls Bonaparte ernannt. 1806/07 entstand ihr Hauptwerk, der Arc de Triomphe du Carrousel. Gleichzeitig nahmen sie den Bau der Verbindungsgalerie zwischen Tuilerien und Louvre in Angriff, zudem waren in den Schlössern Chambord, Fontainebleau, Saint-Cloud, Compiègne, Versailles und in einigen Residenzen ausserhalb Frankreichs tätig (Strassbourg, Venedig). 1814 löste sich das Arbeitsverhältnis zwischen Fontaine und Percier, der sich ins Privatleben zurückzog. Fontaines und Perciers Einfluss auf das Kunstgewerbe ihrer Zeit war sehr bedeutend; sie gelten als die eigentlichen Schaffer des 'style Empire'. Am 13. April 1796 überschrieb G. Jacob die florierende Firma seinen beiden Söhnen Georges II und François-Honoré-Georges. Die Zusammenarbeit der Gebrüder Jacob war nur von sehr kurzer Dauer und wurde durch den plötzlichen Tod von Georges II beendet. Die Werke der Jacob Frères gehören zu den elegantesten und innovativsten der Jahre um 1800. Die 'Légèrte' der Formgebung, die neuen Dekorationen 'à l'égyptien' oder 'à l'antique', die perfekte Ausführung und die Verwendung von bestem Mahagoni-Furnier waren die Markenzeichen ihrer Arbeit. D. Ledoux-Lebard hält diesbezüglich Folgendes fest: 'Ces qualités les classent parmi les plus belles productions de cette maison, et leur relative rareté, vu la brièvite de cette période, ajoute encore à leur intêret.' in: Le mobilier français du XIXe siècle, Paris 1989; S. 272-279 und 293f. In den 'Expositions des produits de l'industrie française' jener Jahre erhielten die Brüder stets die höchsten Auszeichnungen, obwohl die Konkurrenz aus den bedeutendsten Kunsthandwerkern bestand. Trotz der Konkurrenz arbeiteten sie manchmal zusammen für die Paläste des angehenden Kaisers Napoleon und seine Entourage. Kaiserin Joséphine gab oft 'ce qu'il y a de mieux' in Auftrag, und Napoleon erinnerte sich noch während seines Exils auf Sankt Helena mit Entsetzen an die horrende Rechnung der Jacob Frères. Nebst den Bonapartes war Madame de Recamier die wichtigste Kundin des Unternehmens, sie liess eine Vielzahl von Möbeln herstellen, die zu den bedeutendsten der Directoire-Epoche gehören. Lit.: P. Kjellberg, Le mobilier français du XVIIIe siècle, Paris 1989; S. 434 (biogr. Angaben).
PAIR OF CHAIRS 'A LA REINE',Directoire, stamped JACOB FRERES RUE MESLEE (collaboration of Georges II Jacob, 1768-1803, and Francois-Honore-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803), Paris circa 1803. Shaped mahogany. Worn, light yellow silk cover.49x47x45x92 cm. 1 PAAR STÜHLE 'A LA REINE', Directoire, sign. JACOB FRERES RUE MESLEE (Zusammenarbeit von Georges II Jacob, 1768-1803, und François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, 1770-1841, 1796-1803), Paris um 1803. Mahagoni profiliert. Trapezförmiger Sitz auf gerader Zarge mit vorderen Baluster- und hinteren Säbelbeinen. Flache Rückenlehne. Hellgelber, gebrauchter Seidenbezug. 49x47x45x92 cm. Provenienz: Westschweizer Privatbesitz. Am 13. April 1796 überschrieb G. Jacob die florierende Firma seinen beiden Söhnen Georges II und François-Honoré-Georges. Die Zusammenarbeit der Gebrüder Jacob war nur von sehr kurzer Dauer und wurde durch den plötzlichen Tod von Georges II beendet. Die Werke der Jacob Frères gehören zu den elegantesten und innovativsten der Jahre um 1800. Die 'Légèrte' der Formgebung, die neuen Dekorationen 'à l'égyptien' oder 'à l'antique', die perfekte Ausführung und die Verwendung von bestem Mahagoni-Furnier waren die Markenzeichen ihrer Arbeit. D. Ledoux-Lebard hält diesbezüglich Folgendes fest: 'Ces qualités les classent parmi les plus belles productions de cette maison, et leur relative rareté, vu la brièvite de cette période, ajoute encore à leur intêret.' in: Le mobilier français du XIXe siècle, Paris 1989; S. 272-279 und 293f. In den 'Expositions des produits de l'industrie française' jener Jahre erhielten die Brüder stets die höchsten Auszeichnungen, obwohl die Konkurrenz aus den bedeutendsten Kunsthandwerkern bestand. Trotz der Konkurrenz arbeiteten sie manchmal zusammen für die Paläste des angehenden Kaisers Napoleon und seine Entourage. Kaiserin Joséphine gab oft 'ce qu'il y a de mieux' in Auftrag, und Napoleon erinnerte sich noch während seines Exils auf Sankt Helena mit Entsetzen an die horrende Rechnung der Jacob Frères. Nebst den Bonapartes war Madame de Recamier die wichtigste Kundin des Unternehmens, sie liess eine Vielzahl von Möbeln herstellen, die zu den bedeutendsten der Directoire-Epoche gehören. Lit.: P. Kjellberg, Le mobilier français du XVIIIe siècle, Paris 1989; S. 434 (biogr. Angaben).
A DIRECTOIRE MAHOGANY SOFA BY GEORGES JACOB, CIRCA 1800 The rectangular padded back, sides, seat and squab cushions covered in cream and gold floral patterned silk, with turned fluted and palmette-carved detached column-supports and pinched gadrooned finials, on turned tapering legs, stamped three times 'G.IACOB', bearing a marque au feu with three fleurs-de-lys within an oval 34½ in. (87.5 cm.) high; 61 in. (155 cm.) wide; 26½ in. (67.5 cm.) deep