Notes
Nobosudru était la favorite de Touba, chef de la tribu des Mangbetou au Congo belge (Zaïre) dans les années 1920. L'allongement de son cou, sa pause hiératique, de profil, sa tête haute, ses paupières bridées tirées en arrière par la déformation de son crâne, mais surtout son incroyable coiffure retenue par des épingles en tibia de singe typique des femmes Mangbetou, en faisaient une grande beauté qui fascina tous ceux qui la rencontrèrent et notamment les membres de la Croisière Noire.
D'octobre 1924 à août 1925 ce groupe composé de chercheurs, anthropologues, du peintre Alexandre Iacovleff et du cinéaste Léon Poirier, dirigé par Georges-Marie Haardt et Louis-Audouin Dubreuil, traversa le Congo belge et la Centre Afrique, s'arrêtant un long moment auprès des Mangbetou.
Cette traversée mythique financée par le constructeur automobile André Citroën, fut relatée par le film de Léon Poirier et par de multiples manifestations organisées au retour de l'expédition en 1926 : représentation du film au théatre de l'Opéra, exposition des oeuvres de Iacovleff à la galerie Charpentier, suivies d'une exposition au Pavillon de Marsan du Louvre d'octobre à décembre 1926.
Cette exposition réunissait des objets rapportés d'Afrique, des armes, des sculptures et fétiches, des massacres d'animaux, mais aussi des reconstitutions ethnographiques mises en place sous la direction de Léon Poirier. Des sculptures naturalistes présentant chaque tribu ou région furent réalisées par des artistes occidentaux tels Guillaume Laplagne et Auguste Heng.
La tête de Nobosudru de ce dernier introduisait la section Mangbetou. L'oeuvre d'Auguste Heng, d'origine suisse, né à la Chaux de Fond en 1891, est mal connue. Membre de la Société suisse des peintres, sculpteurs et architectes, il expose au Salon d'Automne et au Salon des Indépendants à Paris. Il ne s'agit pas, à la différence des autres têtes exposées, d'une sculpture naturaliste. C'est bien le portrait d'une femme, Nobosudru, et non pas un type ethnique qui est représenté.
La tête de Nobosudru connut une postérité exceptionnelle. A l'époque on voyait son visage et son profil partout dans Paris et en Europe : sur les affiches de l'Exposition du Pavillon de Marsan et celles annonçant la projection du film (à Paris puis en Belgique, à Rome ou encore à Berlin ). La presse relaya également largement son image : des articles dans Le Temps, des vignettes stylisées dans Le Figaro ou encore la photographie de face de son étonnant visage dans Le Monde Colonial du 1er avril 1926, légendée : "Une Mangbetou bien parisienne, Nobosudru, femme de Tuba, chef de la Tribu des Mangbetou, région de Niangara (Congo Belge), dont la tête si caractéristique est reproduite sur la belle affiche que monsieur Shoukaeff a éxécutée pour 'la Croisière Noire'".
Joséphine Baker dans sa Revue Nègre se coiffe à la Mangbetou ; plusieurs peintres de l'époque, telle Suzanne Castille dans un tableau aujourd'hui conservé au Musée des Années Trente de Boulogne, la représentent ; la société Citroën, commande à un dessinateur un bouchon de radiateur pour ses automobiles à l'effigie de Nobosudru ; la compagnie française des Tabacs, la Seita, l'emploie même pour une affiche, lors de l'Exposition Coloniale de 1931, glissant une cigarette entre ses lêvres.
Plus récemment, l'artiste français Jean-Paul Goude s'inspire du profil de Nobosudru lors de la création des costumes des danseuses défilant sur les Champs Elysées à Paris, pour la commémoration du bicentenaire de la Révolution Française
Nobosudru was the favorite of Tuba, a Mangbetou chief in Zaïre (Belgium Congo) during the 20s. Her astonishing hairstyle, typically worn by the women of her tribe, her very long neck and her hieratic profile, impressed the European members of the Citroën mission, better known under the name of Croisière Noire (Black Cruise), when they met her.
This group, headed by Georges-Marie Haardt and Louis Audouin-Dubreuil, crossed Belgium Congo and Center Africa from October 1924 to August 1925, stopped in Congo close to Niangara and spent a long time with the Mangbetou people. Their purpose was to explore the countries, to improve knowledge about animal species, ethnography, sciences, and to testimony about culture. To help them to keep a record of the expedition, the painter Alexandre Iacovleff and the movie director, Léon Poirier were part of the group.
Many events celebrated their return : the showing of the movie directed by Léon Poirier at the Opéra, the exhibition of the paintings by Iacovleff at the Galerie Charpentier and the Exhibition at the Pavillon de Marsan, Musée du Louvre, from October to December 1926.
This latter exhibition presented objects, weapons, sculptures, fetishes, hunting trophies and also ethnographic reconstitutions. Some naturalistic sculptures created by western artists such as Joseph Laplagne or Auguste Heng headed each geographical section of the exhibition.
This head of Nobosudru introduced the Mangbetou section. Unlike other works, this sculpture is a true portrait and not only a naturalistic representation of a Mangbetou woman. We know very few about Auguste Heng, Swiss sculptor, born in 1891 in La Chaux de Fond. Member of the Swiss Society of Painters, Sculptors and Architects, his works were exhibited in the Salon d'Automne and the Salon des Indépendants in Paris.
His head of Nobosudru reached an unexpected renown and became a true icon in 1926 : drawn on the catalogue cover of the exhibition devoted to the Croisière Noire ( in Paris, then in Berlin, Rome and in Belgium) it was also illustrated on several posters announcing the projection of Léon Poirier's film at the 'Théâtre de l'Opéra'. All period French newspapers showed an image of Nobosudru. The black dancer Josephine Baker used her hairstyle in her Revue Nègre. Painters re-interpreted her profile, such as Susanne Castille in a large painting which is now part of the Collections of the Musée des Années Trente, Boulogne. Even the car maker Citroën, the financial support of the Mission, ordered the design of a car radiator stopper after Nobosudru's face. The Seita, French tobacco company, used it in an advert for its pavillon at the Exposition Coloniale, Paris 1931, showing Nobosudru smoking a cigarette. More recently, in 1989, French artist Jean-Paul Goude was inspired by Nobosudru for the creation of the costume and hairstyle of the tall dancers in the show, organized on the Champs Elysées in Paris, for the commemoration of the bicentenary of the French Revolution
AUGUSTE HENG
HEAD OF NOBOSUDRU, 1925-1926
PATINATED PLASTER
Signed A. Heng to the side of the base