Lot 16: CROS, CHARLES

CROS, CHARLES LE HARENG SAUR. POËME DE CH. CROS DIT PAR COQUELIN CADET. PIANO & CHANT. MUSIQUE DE CABANER. PARIS, LIBRAIRIE B. CROUZAT, SANS DATE [C.1876-1877]. Partition in-folio de 1 double feuillet pour la couverture illustrée et 8 pp.

Première édition de la partition de Cabaner.
La couverture tirée sur papier vergé est ornée d'une illustration figurant Coquelin Cadet : elle est signée Pierre Franc-Lamy (1855-1919). Élève de Gérome, le peintre aquafortiste fréquentait le salon de Nina de Villard dont il fut l'amant après Charles Cros. Autre familier du salon, Ernest Cabaner (1833-1878) menait une vie
misérable dans les cafés chantants, rendu célèbre par ses romances sur des poèmes de Richepin et de Banville.

Il était un grand mur blanc – nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle – haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur – sec, sec, sec.

À un an de sa mort, Charles Cros dressait le constat amer du malentendu qui incita ses contemporains à ne retenir de lui que l'image d'un bohème fantasque, se disant «depuis longtemps condamné à n'être que l'humoriste titubant du Hareng saur». Toutefois, c'est Le Hareng saur qui permit à Coquelin Cadet d'entreprendre sa triomphale carrière de «monologuiste». Et pour ne citer qu'un exemple du retentissement qu'eut le poème à l'époque, il y a la lettre de Maupassant à Flaubert : «Je vois des choses farces, farces, farces, et d'autres qui sont tristes, tristes, tristes ; en somme tout le monde est bête, bête, bête, ici comme ailleurs» (26 décembre 1879).

Un des quelques exemplaires connus. Mouillure angulaire.