Description
Saint Paul délivrant un possédé ou Saint Paul guérissant des malades Toile 175 x 137,5 cm L’importance de notre tableau a été soulignée par Alain Merot, spécialiste de l’artiste, dans ses publications en 1994 et 2000. Sa redécouverte en 1994 a été un élément essentiel pour une meilleure connaissance de la peinture française du XVIIème. Rappelons en quelques éléments importants : Notre tableau est le morceau de réception de l’artiste à la communauté parisienne des peintres et sculpteurs. Pour accéder au grade de Maître – peintre, il fallait réaliser un chef-d’œuvre, un tableau avec des grandes figures. Le Sueur quitte l’atelier de Vouet vers 1641, se marie en 1644, et baptise son premier enfant le 11 juillet 1645. Il est alors peintre. Dans l’acte de baptême de son second fils en mai 1646, il est Maître – peintre. Notre tableau a donc du être peint entre la fin de 1645 et le début de 1646. Son historique est connu jusqu’en 1776, il est dans la salle d’assemblée de la communauté des peintres, à côté du morceau de réception de Lebrun et celui de Blanchard. En 1776, l’Académie de Saint Luc est dissoute, le tableau figure dans plusieurs ventes entre 1783 et 1785. Il est saisi en 1797, n’est pas retenu pour le Museum central et est, dès 1804, dans les magnifiques collections de Lucien Bonaparte. On perd sa trace en 1816. Le tableau est alors connu par la gravure, quelques copies, et ne réappparait vraiment qu’en 1994. Le sujet n’a pas été clairement identifié. Dans les Actes des Apôtres, il n’y a aucune mention d’un saint Paul guérissant les possédés. Raphaël dans ses célèbres tentures représente saint Paul aveuglant le faux prophète Elymas, mais certains personnages de notre tableau ne concordent pas avec ce sujet. Peut–être s’agit-il d’un miracle fait par saint Paul devant Néron avant son supplice. On signalera simplement que l’exorcisme est un sujet d’actualité en France dans les années 1630 – 1640, avec l’affaire des possédées de Loudun et la mort sur le bûcher d’Urbain Grandier en 1634. Notre tableau est un maillon important dans la carrière de Le Sueur. Il s’oppose totalement à la manière décorative de son maître Vouet. Il réfléchit totalement à l’Art contrôlé et sévère du dernier Raphaël. Le jeu des architectures, celui des lignes droites, les figures fortes, les mains puissantes, sont nouvelles dans l’Art français. Le coloris avec ses rouges et bleus énergiques est aussi nouveau pour la peinture de cette époque. La peinture française entre ici dans une nouvelle ère. Provenance : Offert comme morceau de réception de l’artiste à la Com- munauté des Peintres et Sculpteurs de Paris, dite Académie Saint-Luc en 1646 ; Collection de l’Académie Saint-Luc jusqu’en 1776, date de sa dissolution ; Vente Billard de Bélisard, architecte du Prince de Condé, Pa- ris, rue de la Plâtrerie (actuelle rue du Louvre), grande salle de l’hôtel de Bullion, expert Joseph Paillet, 30 décembre 1783, n°67 « saint Pierre qui guérit l’aveugle né... » ; Vente B. de Boynes, Paris, 19 mars 1785 ; Saisi le 14 juin 1797 comme bien d’un émigré et déposé au Mu- seum central des Arts ; Collection de Lucien Bonaparte à Rome en 1804 (« épisode de la vie de Saint-Paul ») ; Vente Lucien Bonaparte, Prince of Canino, Londres, George Stanley, 14-16 mai 1816, n°152 « The Miracle of St. Paul, painted for the Artist’s reception into the Academy ... » ; Collection particulière suédoise ; Chez Dover Street Gallery, Londres en 1994 ; Chez Algranti, Londres, après 1994 ; Chez Colnaghi, Londres, en 1997 ; Déposé au Fogg Art Museum de Cambridge (Massachusetts) de 1998 à 2005. Expositions : Paris, Salle de l’Assemblée de l’Académie Saint-Luc, église Saint-Denis de la Chastre, de 1646 à 1776 ; Déposé à Harvard, Fogg Art Museum, de 1998 à 2005 ; Bibliographie : G. Guillet de Saint Georges, Mémoire historique des ouvrages de M. le Sueur, l’un des douze anciens de l’Académie, Paris 1690, p. 148 (réed. L. Dussieux, « Nouvelles recherches sur la vie et les ouvrages de Le Sueur », in Archives de l’art français, 1852, p. 3 et 60) ; A.N. Dezalliers d’Argenville fils, Voyage pittoresque de Paris, Paris 1749, p. 21 ; M. Hébert, Dictionnaire pittoresque et historique, Paris 1766, vol. I, p. 17 ; D.P. Papillon de la Ferté, Extraits des différents ouvrages publiés sur la vie des peintres, Paris 1776, vol. II, p. 484 ; D. Bozzani, Rome, Galleria Bonaparte, 13 juin 1804, Archivio di Stato, Rome, Camerale II, Antichità Belle Arti 7 ; A. Guattani, Galleria del Senatore Luciano Bonaparte, Rome 1808 ; C. Landon, Annales du Musée et de l’Ecole moderne des Beaux- Arts, 1830, vol. II, pp. 16-17; L. Bonaparte, Choix de gravures à l’eau forte d’après les pein- tures originales et les marbres de la galerie de Lucien Bo- naparte, Londres 1812 ; J.B. Gence, « Le Sueur », in Biographie universelle ancienne et moderne, Paris 1819, vol. XXIV, p. 328; W. Buchanan, Memoirs of painting, Londres, 1824, vol. II, p. 292, cat. n°154 ; L. Veyran, Collection de 500 gravures au burin reproduisant les principaux chefs d’oeuvre de la peinture et de la sculpture du Musée du Louvre, Paris, 1877, 4ème serie ; A. Lecoy de la Marche, La peinture religieuse, Paris 1892, p. 183 ; M. Furcy-Raynaud, « Les tableaux et objets d’art saisis chez les émigrés et envoyés au Museum central », in Archives de l’art français, vol. VI, 1912, p. 257 ; J.J. Guiffrey, « Histoire de l’Académie de Saint-Luc », in Ar- chives de l’art français, vol. IX, 1915, pp. 95 et 125 ; G. Rouchès, Eustache Le Sueur, Paris 1923, pp. 75-76 et 97 ; D. Martinez de la Pena, « Sobre la colección de pinturas de Lu- ciano Bonaparte. Documentos del anno 1804 », in Miscelanea de Arte, Instituto Diego Velasquez, Madrid 1982, p. 252; M. Sapin, « Précisions sur l’histoire de quelques tableaux d’Eus- tache Le Sueur », in Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1986, n°.25, repr. fig. 15 ; B. Foucart, Le renouveau de le peinture religieuse en France, Pa- ris, 1987, p. 177 ; A. Mérot, Eustache Le Sueur 1616-1655, Paris, 1987, pp. 20, 25, 57, 61, 181-82, 221 et 369, cat. n° 34 (localisation inconnue) ; M. Hilaire (dir.) Century of Splendour. Seventeenth century French Painting in French Public collections, cat. exp, Montreal, Museum of Fine Arts, 1993; Rennes, Musée des Beaux-Arts, 1993 ; et Montpellier, Musée Fabre, 1993, p. 211 (localisation inconnue) ; A. Mérot, La peinture française au XVIIème siècle, Paris 1994, p. 145 ; A. Mérot, « Un tableau retrouvé d’Eustache Le Sueur : Saint Paul guérissant un possédé », in Revue de l’art, n° 105, 1994, pp. 70- 71, reproduit ; B. Ederlein-Badie, La collection de Lucien Bonaparte, prince de Canino, Paris, 1997, pp. 209-10, n° 127 ; A. Mérot, Eustache Le Sueur 1616-1655, Paris 2000, pp. 181-83, cat. n°34, reproduit fig. 45 ; A. Mérot, Eustache Le Sueur, cat. exp., Grenoble, Musée de Gre- noble, 19 mars - 2 juillet 2000, p. 49; A. Merle du Bourg, in cat. exp. Tableaux Français du XVIIe siècle, Paris, 2005-2006, pp. 66-75, reproduit. Connu par la gravure : Gravé par Pauquet Pauquet (cf. DUSSIEUX, op. cit) ; Jean Massard, Le Vieux (1740-1822) ; Charles Normand, 1811 Larcher (pour le groupe central en sens inverse), 1812 ; Banzo, 1816 ; Challamel. (lithographie), 1849.