Loading Spinner
Don’t miss out on items like this!

Sign up to get notified when similar items are available.

Lot 123: GREEN JULIEN (1900-1998) ECRIVAIN AMERICAIN DE

Est: CHF 40,000 - CHF 60,000Passed
Pierre Bergé & AssociésGeneve, SwitzerlandNovember 27, 2011

Item Overview

Description


GREEN JULIEN (1900-1998) ECRIVAIN AMERICAIN DE LANGUE FRANÇAISE, MEMBRE DE L'ACADEMIE FRANÇAISE
85 lettres autographes signées, la plupart « Julian H. Green » ou « Green » + 1 sonnet et 3 pièces autographes canularesques, environ 300 pages in-12, in-8 ou in-4 ; années 1916 à 1920. Infimes défauts à trois ou quatre pièces. Quelques en-têtes.

CORRESPONDANCE DE JEUNESSE ADRESSEE A SON AMI OSCAR-PAUL GILBERT, ECRIVAIN D'ORIGINE BELGE (1892-1972).

La famille Gilbert ayant été chassée de Belgique par l'invasion allemande, elle trouve refuge à Paris en hiver 1914. Oscar-Paul rencontre Julien au lycée Janson de Sailly. Après l'armistice, le jeune Belge entreprend des études de philologie romane à la Sorbonne, commence à écrire et devient grand reporter à France-Soir, L'Aurore et au Soir de Bruxelles. Il rédige de nombreux romans, dont Le Drame de Shangaï, travaille pour les radios et télévisions. Affectueuse et confiante, sa correspondance avec Julien Green est brusquement interrompue en 1920.

40 000 / 60 000 CHF 1916. Green annonce à son ami l'envoi de vers et de prose : « ... Tu trouveras sans doute qu'il y a beaucoup de présomption à faire un sonnet à seize ans. Mais tant pis. Quant au intitulé 'La Morte' (c'est gai), c'est peut-être ce que j'ai fait de plus personnel, de plus intime, depuis que nous nous connaissons... Sois donc indulgent... » - Peu après, il part rejoindre sa saeur Eleanor à Gênes, ville dont il donne une très jolie description et où il profite de la mer : « ... c'est souvent assez dur de travailler ici ; on se sent si paresseux lorsqu'il fait chaud et l'on a plus du tout envie de débrouiller une version ou de tourner un thème... » - 29 août : critique des vers envoyés par Gilbert et jugements littéraires : « ... Je ne comprends pas ton admiration pour Baudelaire. Ses idées de fossoyeur m'ennuient à périr. Sans doute, il y a dans Les Fleurs du Mal des poésies délicieuses, mais ce sont justement, à mon avis, celles que son effroi de la mort n'a pas inspiré... » ; il a lu Le Rêve de Zola : « ... Ce mélange de réalisme et de merveilleux ne m'a pas beaucoup plu... ». Il dessine aussi, fait des paysages au pastel : « ... J'en suis venu à deux conclusions. 1° que je tiens mieux le crayon que la plume. 2° que la nature m'intéresse beaucoup plus que ces affreux plâtres du Lycée et que je donnerais tous les Nérons et les Ecorchés du monde pour un cyprès d'Italie... » - Il vient de lire La Puissance des ténèbres de Tolstoï, « pièce effrayante que je te conseille de lire » - « ... Je me suis acheté quelques volumes de Hugo ces jours-ci. Il m'éblouit. J'ai beau m'en défendre et me répéter que son théâtre ne tient pas debout, que ses romans sont faux, je ne me lasse pas de le lire et le relire... ».

1917. Janvier : « ... tu sais peut-être que j'ai horreur d'écrire des lettres pour l'excellente raison que je ne sais pas m'y prendre. Je lis, je relis, je pèse les mots et les phrases, je déchire et je recommence, mais tout me semble si désespérément plat et faux que je renonce, par dépit... ». En août, il est au service militaire : « ... Nous sommes logés dans une immense ferme aux murs de forteresse et que les Allemands ont occupé avant nous : les rats et les mulots sont là pour le dire... Il est curieux de remarquer comme les Américains s'imaginent que le monde date d'un siècle ou deux et qu'avant la formation des Etats-Unis l'Europe était à demi sauvage. Exemple : il y a tout près d'ici, une très belle église romane que nous visitions l'autre jour. Quelqu'un observa que toutes les têtes d'évêques et de saints groupés aux portails avaient été brisées. C'est l'aeuvre, tu sais comme moi, des vandales de 1789. L'un de nous (pas moi) s'empressa de le dire. 'Comment ? s'écrièrent les autres, cette église est antérieure à la Révolution ? et ceci avec le plus profond étonnement... ». Dans cette lettre, Green exprime pour la première fois ses incertitudes religieuses : « ... J'ai ici un livre, un seul, 'l'Imitation' qui me suffit largement. Je prends un immense plaisir à lire des préceptes que je n'ai pas du tout l'intention de suivre... cependant je les lis et les relis. C'est presque une hypocrisie... » - Eté 1917 : « ... Dans le petit village déserté que nous habitons, je suis parvenu à me procurer quelques livres médiocres : Claude Farrère, Colette Willy. Parfois des officiers de passage me donnent des journaux que je dévore. L'ouvrage ne nous manquera pas, bientôt, mais en attendant l'ennui est mortel... » - Septembre : Il a peu d'interlocuteurs valables. « ... Il m'arrive souvent de passer des heures en forêt à monologuer comme un fou ; je fourre des livres dans ma poche et je vais les lire au pied d'un arbre, le bruissement des feuilles remplace à grand avantage l'horrible bourdon des vox de caserne... » - Octobre : « ... Quand je songe à tout ce que je croyais il y a seulement quelques mois, je m'étonne de l'étroitesse de mes vues d'alors. Ne t'imagines pas que j'aie perdu la Foi : ma foi n'est que plus grande, plus inébranlable qu'auparavant, et peut-être n'est-il pas insensé de dire qu'elle est moins aveugle et un peu plus humaine. Je ne te parlerai pas de la grande misère des pays dévastés... Je t'avoue... que j'en suis souvent déprimé... » ; il trouve le temps de préparer son examen de Philosophie pour juillet « de sorte que je ne suis pas du tout à plaindre ».

1918. Mars. Toujours cette angoisse du doute religieux : « ... Christ a prêché la loi d'amour et de pardon. Or, voici près de dix neuf siècles qui se sont écoulés après sa parole. Et son règne n'est pas établi. Est-ce le fait d'un dieu ?... ce m'est une souffrance aigüe de douter du 'maître en clémence'... je compte... aller à Rome au mois de mai. Peut-être réussirai-je à raffermir mon catholicisme, que je vois, l'âme déchirée, se désagréger et s'en aller par débris... tu es le premier à qui j'ai confié cette triste transformation de mon esprit. Tu seras sans doute le seul... » - « ... C'est une torture morale dont je ne connais pas l'équivalent. Rien, pas même la mort de ma saeur survenue en janvier, ne m'a disloqué l'âme... comme cette période d'indécision... Il m'a semblé que Jésus me reniait. Et alors, quel vide dans mon caeur, quel immense dégoût de tout... Je suis à présent dans une impasse. Je suis décidé à faire tout ce qui me sera possible pour conserver et fortifier ma foi sans toutefois lui sacrifier les exigences de ma raison. Ce germe de doute qui m'inquiète tant, a son origine, je crois, dans ce fait que je ne suis pas parvenu à concilier mon catholicisme et cette guerre. La guerre qui est en quelque sorte une reculade de la civilisation dénonce un manque de logique dans le plan de Dieu... Je lis et j'écris énormément... Je lis exclusivement des auteurs modernes, poètes et prosateurs... qui m'aident à mieux comprendre l'âme de la société moderne... Je suis entre Venise et Trévise, deux villes que j'ai visitées avec une joie profonde, ainsi que Turin, Milan, Padoue et de nouveau Gênes... » - Avril : longue lettre d'Italie, poignante et prémonitoire, toute relative à ses doutes, au déclin de sa foi et à son avenir : « ... Il est trop vrai que le raisonnement est impuissant dans mon cas. L'âme jaillit vers son Dieu dans un élan que nul ne peut comprendre. C'est là le secret de la Mystique. Si l'élan est brisé, s'en est à jamais fini et la froide raison, moins que tout autre chose, ne fera pas naître à nouveau ce généreux et spontané mouvement du caeur... » ; et plus loin : « ...je ne vise ni à la gloire ni à la renommée ; ce serait trop ridicule. Seulement je ne veux pas mourir à tout jamais. Je veux qu'après ma mort, mon nom signifie quelque chose à une toute petite élite, qu'il évoque l'idée d'une personnalité nette et bien définie. Egoïsme, non, mais devoir. Il s'est fait que je naisse avec un germe d'intelligence ; il serait à mon avis criminel, hautement immoral que je ne développe pas ce germe et que cette intelligence ne se marque pas en quelque ouvrage... Je ne veux pas avoir été inutile, médiocre, nul. Je veux avoir produit de façon qu'il y ait pour moi, dans la mémoire d'une infime partie de l'humanité, une place qui me sauve de cette seconde mort, l'oubli, et justifie mon travail et si j'en aurai eu, mon talent. Mais encore une fois, je veux vivre ignoré, quitte à plus tard survivre, un peu connu. Du reste, viser à être illustre, au cours de notre vie, c'est souvent viser à l'effet... au faux. Qui veut la célébrité écrit presque toujours pour les masses ; or écrire pour la foule, c'est devenir vulgaire... s'imposer ses idées... Il faut... pour suivre la règle de l'Art pour l'Art, écrire pour soi d'abord et pour un petit nombre d'amis. L'humanité qui est parfois juste, jugera plus tard des aeuvres... », etc. - En juin, il est à Gênes, après trois semaines passées à Rome où il a trouvé « ... l'irréligion la plus complète, la plus blasphématoire et la plus injurieuse pour une majesté divine : je veux parler de ce Catholicisme mondain qui transforme les chapelles en petits salons et St Pierre en un vaste lieu de rendez-vous odieux... ». Sévère critique des églises romaines, dont St Pierre : « ... de l'or partout où il est possible d'en fourrer, et toujours une dizaine d'anges joufflus dont le Bernin s'est plu à infester la ville... » ; il a beaucoup admiré, par contre, les églises byzantines et celles de St Clément et Ste Agnès qui lui remémorent Saint-Julien le Pauvre. La lettre se termine par une citation de Léon Bloy, amère, répondant à ses ennemis qui le critiquait violemment à propos de son livre Le Mendiant ingrat : « Je termine en sollicitant avidement votre mépris et s'il est possible vos injures. Elles me consoleront de quelques éloges » - 7 juillet : Appréhension du baccalauréat tout proche et qui l'oblige à « ingérer tout ce qu'il est parfaitement inutile de savoir », et longue critique de Némésis de Paul Bourget « que tu n'as pas lu et que tu ne liras pas. Tu n'y perdras guère » ; critique, aussi, des vers de son ami (longue lettre de six pages) - Ses lectures : Tristan et Iseult, G. Lambert (dont il transcrit quelques vers), Fogazzaro, D'Annunzio, H. de Régnier, Huysmans, Zola, Goncourt, Maupassant... « ... aussi Brantôme qui justement rappelle assez Maupassant par sa complète amoralité, ainsi que par la verveet la bonne humeur de son style... » - Août, à Paris : il lit la « Rome » de Zola, « ... aeuvre fort lourde et souvent pénible à lire mais il est indéniable que l'ensemble est très grandiose et laisse une juste impression de la grande ville déchue, rongée de misère, mais splendide encore... Zola nous fait un portrait du pape Léon XIII dont la figure domine tout le livre... J'ai fini aussi... une pièce de F. de Croisset, 'Le Paon'... » - Sur l'église d'Avon, du Xe siècle - Une page comique sur les visiteurs du château de Fontainebleau - Problème de nationalité : bien qu'Américain, la préfecture de police lui refuse des papiers d'étrangers, le risque est maintenant qu'il soit enrôlé dans les deux armées ! Description de ses longues promenades dans Paris. Résumé de la pièce qu'il a commencé à écrire - Amusante longue lettre racontant sa visite au Bureau de recrutement où il s'est rendu pour supplier qu'on l'enrôle, etc.

1919. En octobre, Julien Green retourne en Amérique sur le Patria après avoir séjourné à Naples, Palerme et Almeria : déchirement d'âme, descriptions, une journée à Pompeï, etc. ; il lit Poe - Sonnet intitulé « Les condamnés à mort » écrit le 8 octobre sur le bateau - Arrivée à New York (papier avec vue de l'Hôtel Woodward), donne son adresse à Savannah, puis à Charlottesville en Virginie, à l'Université. Explique ce qu'il est devenu, l'espèce de rêve dans lequel il a vécu à New York pendant six ou sept jours. Description et dessin de sa chambre. Belles lignes sur la prétention des Américains à se croire supérieurs à toute civilisation. Lecture de St Paul, « ce rude génie ». Solitude. Regrets de Paris. Lectures encore : Shakespeare, Pensées de Pascal, le cardinal Newman. Affection pour Molière - Sur la psychiatrie, « ... fausse science qui, donnant une part énorme à l'imagination et trop peu au raisonnement, doit fatalement conduire à la démence et au suicide... » - Curieuse photographie de lui, prise à Paris avant son départ : « j'ai l'air d'un fou triste » - S'ennuie. Impression de ne pas être dans un pays civilisé. Population obsédée par le football, le cinéma, le billard et les dés. Grand tralala à l'Université, cérémonie ridicule. Il continue son Journal. Description féroce de quelques camarades : boire et faire l'amour avec intermezzo de foot, c'est tout leur idéal. Questions à propos d'un livre de Jules Romains. En décembre, lettre de consolation à O.-P. Gilbert à la suite d'une déception sentimentale : « ... Je voudrais que tu saches bien que je suis ton frère vivant... ». Cite la Danse macabre de Baudelaire - Très belle lettre sur la 9ème Symphonie et l'Héroïque de Beethoven, et sur le Tannhauser de Wagner : « ... Combien étaient-ils à comprendre ces choses, les plats crétins qui jonchaient les fauteuils ? Ah ! n'y pensons pas. J'aime à croire qu'ils étaient là exprès pour boucher les trous, pour remplir, pour empêcher l'écho de mieux résonner, pour que moi Julian H. Green, j'entende mieux !... » - Lit « plus que jamais » : Oscar Wilde, Pascal.

1920. Belle lettre de février sur Oscar Wilde et la Ballade de la geôle de Reading -Green fait très souvent allusion à son Journal, qu'il écrit un peu chaque jour : « ... Mon Journal prospère... J'ai relu quelques pages de mon Journal qui devient depuis quelques temps une chose lugubre... ». Il compte l'envoyer à son ami : « ... Inutile de te dire comme je tiens à ces écrits qui sont l'expression, fidèle jusqu'à la cruauté, de tout mon caeur !... » - Très belle lettre sur la 9ème Symphonie et l'Héroïque de Beethoven, et sur Wagner - Dernière lettre de Savannah, le 18 juillet 1920, très émouvante. Il a retrouvé la foi, et exhorte son ami à faire de même.

Il nous est impossible de donner de plus amples extraits, il faudrait citer en entier ces lettres si sincères ; toutes sont extrêmement intéressantes, longues et révélatrices des pensées de leur auteur, de ses lectures, de ses angoisses religieuses, de ses admirations ou vives critiques, de ses promenades, de ses voyages avec très belles et pénétrantes descriptions, de sa philosophie de la vie. Enfin, remarquons le style de ce jeune homme, qui deviendra un de nos plus grands écrivains...morceau intitulé 'La Morte' (c'est gai), c'est peut-être ce que j'ai fait de plus personnel, de plus intime, depuis que nous nous connaissons... Sois donc indulgent...» - Peu après, il part rejoindre sa soeur Eleanor à Gênes, ville dont il donne une très jolie description et où il profite de la mer: «... c'est souvent assez dur de travailler ici; on se sent si paresseux lorsqu' il fait chaud et l'on a plus du tout envie de débrouiller une version ou de tourner un thème...» - 29 août: critique des vers envoyés par Gilbert et jugements littéraires: «... Je ne comprends pas ton admiration pour Baudelaire. Ses idées de fossoyeur m'ennuient à périr. Sans doute, il y a dans Les Fleurs du Mal des poésies délicieuses, mais ce sont justement, à mon avis, celles que son effroi de la mort n'a pas inspiré...»; il a lu Le Rêve de Zola: «... Ce mélange de réalisme et de merveilleux ne m'a pas beaucoup plu...». Il dessine aussi, fait des paysages au pastel: «... J'en suis venu à deux conclusions. 1° que je tiens mieux le crayon que la plume. 2° que la nature m' intéresse beaucoup plus que ces affreux plâtres du Lycée et que je donnerais tous les Nérons et les Ecorchés du monde pour un cyprès d'Italie...» - Il vient de lire La Puissance des ténèbres de Tolstoï, «pièce effrayante que je te conseille de lire» - «... Je me suis acheté quelques volumes de Hugo ces jours-ci. Il m' éblouit. J'ai beau m'en défendre et me répéter que son théâtre ne tient pas debout, que ses romans sont faux, je ne me lasse pas de le lire et le relire...».
1917. Janvier: «... tu sais peut-être que j'ai horreur d' écrire des lettres pour l'excellente raison que je ne sais pas m'y prendre. Je lis, je relis, je pèse les mots et les phrases, je déchire et je recommence, mais tout me semble si désespérément plat et faux que je renonce, par dépit...». En août, il est au service militaire: «... Nous sommes logés dans une immense ferme aux murs de forteresse et que les Allemands ont occupé avant nous: les rats et les mulots sont là pour le dire... Il est curieux de remarquer comme les Américains s'imaginent que le monde date d'un siècle ou deux et qu'avant la formation des Etats-Unis l'Europe était à demi sauvage. Exemple: il y a tout près d' ici, une très belle église romane que nous visitions l'autre jour. Quelqu'un observa que toutes les têtes d' évêques et de saints groupés aux portails avaient été brisées. C'est l'oeuvre, tu sais comme moi, des vandales de 1789. L'un de nous (pas moi) s'empressa de le dire. ?Comment? s' écrièrent les autres, cette église est antérieure à la Révolution? et ceci avec le plus profond étonnement...». Dans cette lettre, Green exprime pour la première fois ses incertitudes religieuses: «... J'ai ici un livre, un seul, ? l'Imitation' qui me suffit largement. Je prends un immense plaisir à lire des préceptes que je n'ai pas du tout l' intention de suivre... cependant je les lis et les relis. C'est presque une hypocrisie...»
Eté 1917: «... Dans le petit village déserté que nous habitons, je suis parvenu à me procurer quelques livres médiocres: Claude Farrère, Colette Willy. Parfois des officiers de passage me donnent des journaux que je dévore. L'ouvrage ne nous manquera pas, bientôt, mais en attendant l'ennui est mortel...» - Septembre: Il a peu d'interlocuteurs valables. «... Il m'arrive souvent de passer des heures en forêt à monologuer comme un fou; je fourre des livres dans ma poche et je vais les lire au pied d'un arbre, le bruissement des feuilles remplace à grand avantage l' horrible bourdon des vox de caserne...» - Octobre: «... Quand je songe à tout ce que je croyais il y a seulement quelques mois, je m' étonne de l' étroitesse de mes vues d'alors. Ne t'imagines pas que j'aie perdu la Foi: ma foi n'est que plus grande, plus inébranlable qu'auparavant, et peut-être n'est-il pas insensé de dire qu'elle est moins aveugle et un peu plus humaine. Je ne te parlerai pas de la grande misère des pays dévastés... Je t'avoue... que j'en suis souvent déprimé...»; il trouve le temps de préparer son examen de Philosophie pour juillet «de sorte que je ne suis pas du tout à plaindre».
1918. Mars. Toujours cette angoisse du doute religieux: «... Christ a prêché la loi d'amour et de pardon. Or, voici près de dix neuf siècles qui se sont écoulés après sa parole. Et son règne n'est pas établi. Est-ce le fait d'un dieu?... ce m'est une souffrance aigüe de douter du ?maître en clémence'... je compte... aller à Rome au mois de mai. Peut-être réussirai-je à raffermir mon catholicisme, que je vois, l' âme déchirée, se désagréger et s'en aller par débris... tu es le premier à qui j'ai confié cette triste transformation de mon esprit. Tu seras sans doute le seul...» - «... C'est une torture morale dont je ne connais pas l' équivalent. Rien, pas même la mort de ma soeur survenue en janvier, ne m'a disloqué l' âme... comme cette période d' indécision... Il m'a semblé que Jésus me reniait. Et alors, quel vide dans mon coeur, quel immense dégoût de tout... Je suis à présent dans une impasse. Je suis décidé à faire tout ce qui me sera possible pour conserver et fortifier ma foi sans toutefois lui sacrifier les exigences de ma raison. Ce germe de doute qui m' inquiète tant, a son origine, je crois, dans ce fait que je ne suis pas parvenu à concilier mon catholicisme et cette guerre. La guerre qui est en quelque sorte une reculade de la civilisation dénonce un manque de logique dans le plan de Dieu... Je lis et j' écris énormément... Je lis exclusivement des auteurs modernes, poètes et prosateurs... qui m'aident à mieux comprendre l'âme de la société moderne... Je suis entre Venise et Trévise, deux villes que j'ai visitées avec une joie profonde, ainsi que Turin, Milan, Padoue et de nouveau Gênes...» - Avril: longue lettre d'Italie, poignante et prémonitoire, toute relative à ses doutes, au déclin de sa foi et à son avenir: «... Il est trop vrai que le raisonnement est impuissant dans mon cas. L' âme jaillit vers son Dieu dans un élan que nul ne peut comprendre. C'est là le secret de la Mystique. Si l' élan est brisé, s'en est à jamais fini et la froide raison, moins que tout autre chose, ne fera pas naître à nouveau ce généreux et spontané mouvement du coeur...»; et plus loin: «...je ne vise ni à la gloire ni à la renommée; ce serait trop ridicule. Seulement je ne veux pas mourir à tout jamais. Je veux qu'après ma mort, mon nom signifie quelque chose à une toute petite élite, qu' il évoque l' idée d'une personnalité nette et bien définie. Egoïsme, non, mais devoir. Il s'est fait que je naisse avec un germe d' intelligence; il serait à mon avis criminel, hautement immoral que je ne développe pas ce germe et que cette intelligence ne se marque pas en quelque ouvrage... Je ne veux pas avoir été inutile, médiocre, nul. Je veux avoir produit de façon qu' il y ait pour moi, dans la mémoire d'une infime partie de l' humanité, une place qui me sauve de cette seconde mort, l'oubli, et justifie mon travail et si j'en aurai eu, mon talent. Mais encore une fois, je veux vivre ignoré, quitte à plus tard survivre, un peu connu. Du reste, viser à être illustre, au cours de notre vie, c'est souvent viser à l'effet... au faux. Qui veut la célébrité écrit presque toujours pour les masses; or écrire pour la foule, c'est devenir vulgaire... s'imposer ses idées... Il faut... pour suivre la règle de l'Art pour l'Art, écrire pour soi d'abord et pour un petit nombre d'amis. L' humanité qui est parfois juste, jugera plus tard des oeuvres...», etc.
En juin, il est à Gênes, après trois semaines passées à Rome où il a trouvé «... l' irréligion la plus complète, la plus blasphématoire et la plus injurieuse pour une majesté divine: je veux parler de ce Catholicisme mondain qui transforme les chapelles en petits salons et St Pierre en un vaste lieu de rendezvous odieux...». Sévère critique des églises romaines, dont St Pierre: «... de l'or partout où il est possible d'en fourrer, et toujours une dizaine d'anges joufflus dont le Bernin s'est plu à infester la ville...»; il a beaucoup admiré, par contre, les églises byzantines et celles de St Clément et Ste Agnès qui lui remémorent Saint-Julien le Pauvre. La lettre se termine par une citation de Léon Bloy, amère, répondant à ses ennemis qui le critiquait violemment à propos de son livre Le Mendiant ingrat: «Je termine en sollicitant avidement votre mépris et s' il est possible vos injures. Elles me consoleront de quelques éloges» - 7 juillet: Appréhension du baccalauréat tout proche et qui l'oblige à «ingérer tout ce qu' il est parfaitement inutile de savoir», et longue critique de Némésis de Paul Bourget «que tu n'as pas lu et que tu ne liras pas. Tu n'y perdras guère»; critique, aussi, des vers de son ami (longue lettre de six pages) - Ses lectures: Tristan et Iseult, G. Lambert (dont il transcrit quelques vers), Fogazzaro, D'Annunzio, H. de Régnier, Huysmans, Zola, Goncourt, Maupassant... «... aussi Brantôme qui justement rappelle assez Maupassant par sa complète amoralité, ainsi que par la verveet la bonne humeur de son style...» - Août, à Paris: il lit la «Rome» de Zola, «... oeuvre fort lourde et souvent pénible à lire mais il est indéniable que l'ensemble est très grandiose et laisse une juste impression de la grande ville déchue, rongée de misère, mais splendide encore... Zola nous fait un portrait du pape Léon XIII dont la figure domine tout le livre... J'ai fini aussi... une pièce de F. de Croisset, ?Le Paon'...» - Sur l'église d'Avon, du Xe siècle - Une page comique sur les visiteurs du château de Fontainebleau - Problème de nationalité: bien qu'Américain, la préfecture de police lui refuse des papiers d'étrangers, le risque est maintenant qu'il soit enrôlé dans les deux armées ! Description de ses longues promenades dans Paris. Résumé de la pièce qu'il a commencé à écrire - Amusante longue lettre racontant sa visite au Bureau de recrutement où il s'est rendu pour supplier qu'on l'enrôle, etc.
1919. En octobre, Julien Green retourne en Amérique sur le Patria après avoir séjourné à Naples, Palerme et Almeria: déchirement d'âme, descriptions, une journée à Pompeï, etc.; il lit Poe - Sonnet intitulé «Les condamnés à mort» écrit le 8 octobre sur le bateau - Arrivée à New York (papier avec vue de l'Hôtel Woodward), donne son adresse à Savannah, puis à Charlottesville en Virginie, à l'Université. Explique ce qu'il est devenu, l'espèce de rêve dans lequel il a vécu à New York pendant six ou sept jours. Description et dessin de sa chambre. Belles lignes sur la prétention des Américains à se croire supérieurs à toute civilisation. Lecture de St Paul, «ce rude génie». Solitude. Regrets de Paris. Lectures encore: Shakespeare, Pensées de Pascal, le cardinal Newman. Affection pour Molière - Sur la psychiatrie, «... fausse science qui, donnant une part énorme à l'imagination et trop peu au raisonnement, doit fatalement conduire à la démence et au suicide...» - Curieuse photographie de lui, prise à Paris avant son départ: «j'ai l'air d'un fou triste» - S'ennuie. Impression de ne pas être dans un pays civilisé. Population obsédée par le football, le cinéma, le billard et les dés. Grand tralala à l'Université, cérémonie ridicule. Il continue son Journal. Description féroce de quelques camarades: boire et faire l'amour avec intermezzo de foot, c'est tout leur idéal. Questions à propos d'un livre de Jules Romains. En décembre, lettre de consolation à O.-P. Gilbert à la suite d'une déception sentimentale: «... Je voudrais que tu saches bien que je suis ton frère vivant...». Cite la Danse macabre de Baudelaire - Très belle lettre sur la 9ème Symphonie et l'Héroïque de Beethoven, et sur le Tannhauser de Wagner: «... Combien étaient-ils à comprendre ces choses, les plats crétins qui jonchaient les fauteuils? Ah ! n'y pensons pas. J'aime à croire qu' ils étaient là exprès pour boucher les trous, pour remplir, pour empêcher l' écho de mieux résonner, pour que moi Julian H. Green, j'entende mieux !...» - Lit «plus que jamais»: Oscar Wilde, Pascal. 1920. Belle lettre de février sur Oscar Wilde et la Ballade de la geôle de Reading - Green fait très souvent allusion à son Journal, qu'il écrit un peu chaque jour: «... Mon Journal prospère... J'ai relu quelques pages de mon Journal qui devient depuis quelques temps une chose lugubre...». Il compte l'envoyer à son ami: «... Inutile de te dire comme je tiens à ces écrits qui sont l'expression, fidèle jusqu' à la cruauté, de tout mon coeur !...» - Très belle lettre sur la 9ème Symphonie et l'Héroïque de Beethoven, et sur Wagner - Dernière lettre de Savannah, le 18 juillet 1920, très émouvante. Il a retrouvé la foi, et exhorte son ami à faire de même. Il nous est impossible de donner de plus amples extraits, il faudrait citer en entier ces lettres si sincères; toutes sont extrêmement intéressantes, longues et révélatrices des pensées de leur auteur, de ses lectures, de ses angoisses religieuses, de ses admirations ou vives critiques, de ses promenades, de ses voyages avec très belles et pénétrantes descriptions, de sa philosophie de la vie. Enfin, remarquons le style de ce jeune homme, qui deviendra un de nos plus grands écrivains...

Artist or Maker

Notes

Julien Green (September 6, 1900 - August 13, 1998), was an American writer, who authored several novels, includingLéviathan and Each in His Own Darkness. He wrote primarily in French.

Julian Hartridge Green was born to American parents in Paris, a descendant on his mother's side of a Confederate Senator,Julian Hartridge (1829-1879), who later served as a Democratic Representative from Georgia to the US Congress, and who was Julien Green's namesake. (Green was christened "Julian", the spelling was changed by his French publisher in the 1920s to "Julien".)

The youngest of eight children born to Protestant parents. He had a very puritanical and overprotective upbringing, his mother being extremely sexually repressive (later Green would grow into an anguished and egodystonic homosexual).Green became a Roman Catholic in 1916, two years after his mother's death.The following year, still only 16, he volunteered his services as an ambulanceman in the American Field Service. When his age was discovered his enlistment was annulled. He immediately signed up with an ambulance unit of the American Red Cross, and when that six-month term of service ended in 1918, he enlisted in the French Army, in which he served as a second lieutenant of artillery until 1919. He was educated at the University of Virginia in the United States from 1919-22. His career as one of the major figures of French literature in the 20th century started soon after his return from the United States.

In July 1940, after France's defeat, he went back to America. In 1942, he was mobilized and sent to New York to work at the United States Office of War Information. From there, for almost a year, five times a week, he would address France as part of the radio broadcasts of Voice of America, working inter alia with André Breton and Yul Brynner. Green went back to France right after the end of World War II. Most of his books focused on the ideas of faith and religion as well as hypocrisy.

Several dealt with the southern United States, and he strongly identified with the fate of the Confederacy, characterizing himself throughout his life as a "Sudiste". He inherited this version of patriotism from his mother, who came from a distinguished southern family. Some years before Julien's birth, when Julien's father was offered a choice of posts (with his bank) in either Germany or France, Julien's mother urged the choice of France on the grounds that the French were "also a proud people, recently defeated in war, and we shall understand one another." (The reference was to France's 1871 defeat in the Franco-Prussian War).

In France, both during his life and today, Green's fame rests principally not on his novels, but on his journals, published in ten volumes, and spanning the years 1926-1976. These volumes provide a chronicle of his literary and religious life, and a unique window on the artistic and literary scene in Paris over a span of half a century. Green's style, austere and employing to great effect the passé simple, a literary tense nearly abandoned by many of his French contemporaries, found favor with the Académie française. Green resigned from the Académie shortly before his death, citing his American heritage and loyalties.

While Green wrote primarily in the French language, he also wrote in English. He translated some of his own works from French to English, sometimes with the help of his sister, Anne Green, an author herself. A collection of some of his translations is published in Le langage et son double, with a side-by-side French-English format, facilitating direct comparison. Despite his being bilingual, Green's texts remain largely unknown in the English-speaking world. Thus far three of his books have been turned into films: Léviathan (1962), for which he wrote the screenplay, is the most famous. Adrienne Mesurat (1953), and La Dame de pique (1965) were also adapted to film.

Green adopted gay fiction writer Éric Jourdan as his son. According to Jourdan, Green decided to move to a house belonging to Caterina Sforza in Forlì, Italy, in 1994. However, Green did not move to this house because his health was failing.

Green was the first non-French national to be elected to the Académie française. Fittingly, he succeeded François Mauriac, taking chair number 22 on June 3, 1971. It was commonly believed he had dual citizenship, but in fact, although born in Paris and writing almost exclusively in the French language, he had never become a French citizen. President Georges Pompidou reportedly offered him French citizenship in 1972 but Green declined.
He died in Paris, shortly before his 98th birthday, and was buried in the parish church of Klagenfurt, Austria.

Julien Green, novelist, autobiographer, dramatist, critic, and first non-French national elected to the Académie Française (1971), was greatly attached to his American nationality and to his roots in Georgia. A large section of his writing constitutes a quest for identity by an American living abroad in France.

Early Years

Green was born in Paris of American parents; his mother was from Savannah, Georgia, his father from Virginia. He was baptized Julien Hartridge Green in honor of his maternal grandfather, Georgia congressman Julian Hartridge. His paternal grandfather, Charles Green, from Halesowen, England, attained great wealth in the cotton industry in Savannah, where his magnificent Tudor-style mansion, the Green-Meldrim House, was completed in 1861.

Green's father, Edward, had a bent for speculation that led to financial losses and the acceptance of a post with a cotton agency in Le Havre, France, where he already had business contacts. The family left for Le Havre in 1893 and moved in 1897 to Paris, where their eighth child, Julien, was born on September 6, 1900. Julien's childhood was imbued with his mother's stories of the Civil War (1861-65) and her regret that the South had lost the war. This created in Green a nostalgia for his Georgian roots and a sense of exile, a prominent theme in his novels. His mother died when he was fourteen, and he was converted to Catholicism at sixteen. In 1919 he thought of becoming a Benedictine monk but later abandoned the idea.

University of Virginia, 1919-1922

During World War I, Green enlisted in the American Field Service in 1917 and later transferred to the French Foreign Legion and then to the regular French army. After the war, in 1919, he left for America to enroll at the University of Virginia, where he studied Latin, Greek, English literature, history, German, and elementary Spanish.

This was a significant period in his career. On the level of his quest for identity, he became acquainted with various family relatives in Savannah and elsewhere. On a personal level there was his encounter with a man whom he called Mark. This platonic relationship left Green burdened with his inability to express his love for Mark. Many of Green's characters share this trait. He also discovered his homosexuality, which intensified his inner religious struggle between flesh and spirit, sin and grace. This conflict constitutes the central drama of his main works. Ultimately, Green's homosexuality led him to reject Catholicism, and he did not rejoin the church until 1939.

Green published his first literary work, a short story, "The Apprentice Psychiatrist," in the University of Virginia Magazine in May 1920. In the 1920s he continued to write short stories, some of them set in Savannah. He also wrote an important article on Joyce's Ulysses that was published in the review Philosophies in May 1924. It was around this time that he began the writing of his journal, an activity that was to engage him all his life. The entries written in Virginia contain the embryo of his novels of the 1940s. Green returned to France in 1922, but he visited America again in the 1930s and spent the World War II years (1941-45) there as well.

Green the Novelist

Green's first novel, Mont-Cinère (1926; published in English as Avarice House), occurs in Virginia on the property of Kinloch, owned by one of Green's relatives. Set twenty-three years after the end of the Civil War, the novel focuses on a mother and daughter who live in an atmosphere of tension, resentment, and greed. His novels of the 1930s and 1940s deal with family relationships, violence, the quest for identity, and escape into the fantastic and the world of dreams. The main novels of these years are Epaves (1932; The Strange River), Le visionnaire (1934; The Dreamer), Minuit (1936; Midnight), and Si j'étais vous (1947; If I Were You). Green's interest in eastern mysticism, which developed during the 1930s, is especially evident in such novels of the 1940s as Varouna (1940; Then Shall the Dust Return) and Si j'etais vous, both of which, according to critic John M. Dunaway, concern the migration of souls.

Green's masterpiece is undoubtedly Moïra (1950; published in English under the same title), an autobiographical novel set at the University of Virginia and dominated by the conflict between flesh and spirit, sin and grace. His next novel, Chaque homme dans sa nuit (1960; Each in His Darkness), is partly set in the Wormsloe Historic Site near Savannah and presents a more positive vision of Catholicism.

The culmination of Green's quest for his Georgian roots is his series of novels on the Civil War, "the Dixie trilogy," written in the 1980s and 1990s. Here Green gives full vent to his passion for the South in a vivid and sometimes sentimental evocation of life in Savannah before and during the Civil War.

Other Writings

Green's journal stretches from 1928 to 1996 and deals with a wide variety of topics, including the problems of creative writing, religion, travel, and his conversations with leading twentieth-century French writers. It gives an interesting and moving analysis of his childhood, of his involvement in World War I, and of his study in Virginia. Green also wrote plays, the most important of which, Sud (South; 1953), explores a homosexual drama on the eve of the Civil War. In 1983 he published a biography of St. Francis of Assisi entitled Frère François (God's Fool: The Life and Times of Francis of Assisi).

Julien Green died on August 13, 1998, and is buried in Klagenfurt, Austria, where he frequently spent his holidays.

Payment & Shipping

Payment

Accepted forms of payment: American Express, MasterCard, Visa, Wire Transfer

Shipping

REMOVAL OF PURCHASES
No object will be handed over to the Buyer until the full price is paid, including commission and VAT; and the necessary documents and information, according to previous
paragraph, have been produced.
If payment is made by cheque or bank transfer, lots may not be withdrawn until the cheque or money transferred has been received on the account. From the moment the
hammer falls, sold items will be the exclusive responsibility of the Buyer. The Buyer is responsible for the insurance of his acquisitions, and Pierre Bergé & associés declines all
responsibility as to any damage the object risks. Transportation and storage will be at the charge of the Buyer.
At the request of the Buyer, Pierre Bergé & associés can send objects at the cost, risk and liability of the Buyer. Otherwise, all formalities, transport and posting are the exclusive
responsibility of the Buyer.
- Delivery to a free port and transfer to a forwarding agent: 40 CHF
- Accompaniment to the airport 200 CHF
- Despatch outside Switzerland: estimate on request.
If the object is not collected by the Buyer after full payment of the sale price, Pierre Bergé & associés may, after formally informing the Buyer, consign the object in question to
the free port of Geneva, at the cost, risks and perils of the Buyer.
The present sales conditions are subject to Swiss law. Any dispute relative to a sale will be adjudicated by the tribunals of the Geneva canton, an eventual recourse to the Swiss
federal Tribunal at Lausanne being reserved.
In case of litigation, it is the French version of the conditions of sale that will be deemed applicable.

Auction Details

Un siècle d'écriture: Julien Green (Julian Green)

by
Pierre Bergé & Associés
November 27, 2011, 02:00 PM CET

Hôtel d’Angleterre 17, Quai du Mont-Blanc, Geneve, 1201, CH

Terms

Live bidding may start higher or lower

Buyer's Premium

CHF0 - 299,999:24.0%
CHF300,000+:18.0%

Bidding Increments

From:To:Increment:
CHF0CHF99CHF10
CHF100CHF299CHF20
CHF300CHF599CHF50
CHF600CHF999CHF100
CHF1,000CHF3,999CHF200
CHF4,000CHF19,999CHF500
CHF20,000CHF49,999CHF1,000
CHF50,000+CHF5,000

CONDITIONS OF SALES

Pierre Bergé & associés specifies that, in the present auction, it is acting as agent for the Seller. All sales contracts are concluded directly and exclusively between Seller and Buyer.
The auction will take place according to the following conditions and terms which are agreed to by all bidders and participants of the auction. The auction will be conducted
in Swiss Francs (CHF). Buyers will pay the following commission on successful bids: 21 % up to 300 000 CHF and 15 % on any part above 300 000 CHF. This calculation
will be applied to each lot separately.
Pierre Bergé & associés will add VAT of 8 % to the hammer price and to the premium. This tax will be refunded to Buyers domiciled outside Switzerland upon receipt by
Pierre Bergé & associés within 30 days of the date of the auction of an export declaration for each object, stamped by Swiss Customs. Unstamped export declarations will give
no right to refunding. The total amount obtained by adding to the hammer price the Buyer's commission and VAT shall constitute the purchase price for the purposes hereof.

GUARANTEES
No employee of Pierre Bergé & associés is authorised to give any kind of guarantee. Pierre Bergé & associés and the Seller undertake no responsibility as to the eventual faults of
an object in the auction, nor do they guarantee the exactitude of indications relative to the author, origin, date of fabrication, authenticity, provenance, weight, or materials
of objects. Catalogue photographs are not contractually binding.
It is the Buyers' responsibility, before the auction, to verify for themselves of the state and quality of each object, in particular relating to any faults or restorations, or to its value.
In the same way, the estimation mentioned in the catalogues is given only as an indication, and does not include commission, VAT, or other charges the Buyer may incur. No
complaint will be received on this point after a sale has been pronounced.

BIDS
Bidding will be in accordance with the lot numbers listed in the catalogue. Pierre Bergé & associés is free to set the order of the progression of the lots, and bidders are required to
conform to this. The auctioneer and the huissier judiciaire have the right to raise the bidding, separate, join or withdraw any lot, and at their complete discretion. The highest
and last bidder shall be the Buyer. Should Pierre Bergé & associés recognise two simultaneous bids on an object, the lot will be put up for sale again, and all those present in
the saleroom may participate in the second opportunity to bid. For the Buyer's guidance, a currency converter will be operated at some auctions showing rates of conversation
applying on the date immediately preceding the date of sale, as notified to Pierre Bergé & associés by a major bank. Pierre Bergé & associés shall accept no responsibility in this
respect, in particular for any mistakes in the conversion into Swiss Francs and / or foreign currencies. If the reserve price is not reached, the auctioneer can refuse the last bid
and fix a new price of that of the reserve price. In the event of there being no offer equal or higher than the reserve price, Pierre Bergé & associés will withdraw the lot from the
auction. In this case, Pierre Bergé & associés reserves the right to sell the piece by mutual agreement after the closure of the auction. The price at this point will not be below the
reserve point, unless with the prior agreement of the Seller.

BIDDER REGISTRATION
In accordance with legalisation and in order, as far as possible, to avoid all error during the auction, anyone wishing to bid during the auction in Geneva is asked to register
in person at the registration office on site. After presenting proof of identity for a physical person, or an extract from the Commerce Register or equivalent document for a legal
entity, as well as adequate financial guarantees, potential Buyers shall fill out a registration form giving name and address, and then be given a number permitting them to
participate in the auction.
The Buyer is considered to be acting for himself, unless Pierre Bergé & associés have accepted, in writing, that he is acting as agent for a third party whose identity will have
beforehand been revealed. Pierre Bergé & associés draws the potential Buyer's attention to the fact that it will be necessary to confirm the identity of the third party, either
through proof of identity for a physical person, or an extract from the Commerce Register or equivalent document for a legal entity.
If the information and documents relating to the identity of the bidder prove to be false, the sale will be cancelled without consultation by Pierre Bergé & associés.

WRITTEN BIDS AND TELEPHONE BIDS
Anyone wishing to make a bid in writing or a telephone bid should use the form included at the end of the catalogue. This should be received by Pierre Bergé
& associés no later than two days before the sale accompanied by a photocopy of your passport and your bank details. Telephone bids are a free service designed for clients who
are unable to be present at the auction. Pierre Bergé & associés cannot be held responsible for any problems due to technical difficulties. In the event of identical bids, the earliest
received by Pierre Bergé & associés will take precedence.

PAYMENT
No delay will be allowed concerning payment. Payments and taxes may be paid in Swiss Francs or Euros at: Pierre Bergé & associés. Bank : Neuflize OBC - 3, avenue
Hoche, 75008 Paris - IBAN : FR76 3078 8009 0001 2411 9000 238 - BIC : NSMBFRPPXXX. Payment by cheque will only be accepted with the prior agreement
of Pierre Bergé & associés. For this, bidders are asked to obtain, before the auction, a letter of credit covering the amount of purchase, which they will transmit to Pierre Bergé
& associés. Without payment by the Buyer within 30 days of the auction, Pierre Bergé & associés will follow the instructions of the Seller, and will assist him as far as possible
with the execution of his instructions, either, more particularly, by the recovery of the purchase price or the annulling of the sale. Payment in cash is not permitted for sums above
20 000 CHF premiums included. Buyers wishing to pay in cash must show their passport (for an individual) or a company registration certificate or equivalent document (for
a company).

REMOVAL OF PURCHASES
No object will be handed over to the Buyer until the full price is paid, including commission and VAT; and the necessary documents and information, according to previous
paragraph, have been produced.
If payment is made by cheque or bank transfer, lots may not be withdrawn until the cheque or money transferred has been received on the account. From the moment the
hammer falls, sold items will be the exclusive responsibility of the Buyer. The Buyer is responsible for the insurance of his acquisitions, and Pierre Bergé & associés declines all
responsibility as to any damage the object risks. Transportation and storage will be at the charge of the Buyer.
At the request of the Buyer, Pierre Bergé & associés can send objects at the cost, risk and liability of the Buyer. Otherwise, all formalities, transport and posting are the exclusive
responsibility of the Buyer.
- Delivery to a free port and transfer to a forwarding agent: 40 CHF
- Accompaniment to the airport 200 CHF
- Despatch outside Switzerland: estimate on request.
If the object is not collected by the Buyer after full payment of the sale price, Pierre Bergé & associés may, after formally informing the Buyer, consign the object in question to
the free port of Geneva, at the cost, risks and perils of the Buyer.
The present sales conditions are subject to Swiss law. Any dispute relative to a sale will be adjudicated by the tribunals of the Geneva canton, an eventual recourse to the Swiss
federal Tribunal at Lausanne being reserved.
In case of litigation, it is the French version of the conditions of sale that will be deemed applicable.

Contract

Pierre Bergé & associés specifies that, in the present auction, it is acting as agent for the Seller. All sales contracts are concluded directly and exclusively between Seller and Buyer.
The auction will take place according to the following conditions and terms which are agreed to by all bidders and participants of the auction. The auction will be conducted
in Swiss Francs (CHF). Buyers will pay the following commission on successful bids: 21 % up to 300 000 CHF and 15 % on any part above 300 000 CHF. This calculation
will be applied to each lot separately.
Pierre Bergé & associés will add VAT of 8 % to the hammer price and to the premium. This tax will be refunded to Buyers domiciled outside Switzerland upon receipt by
Pierre Bergé & associés within 30 days of the date of the auction of an export declaration for each object, stamped by Swiss Customs. Unstamped export declarations will give
no right to refunding. The total amount obtained by adding to the hammer price the Buyer's commission and VAT shall constitute the purchase price for the purposes hereof.

Delay in Payment

PAYMENT
No delay will be allowed concerning payment. Payments and taxes may be paid in Swiss Francs or Euros at: Pierre Bergé & associés. Bank : Neuflize OBC - 3, avenue
Hoche, 75008 Paris - IBAN : FR76 3078 8009 0001 2411 9000 238 - BIC : NSMBFRPPXXX. Payment by cheque will only be accepted with the prior agreement
of Pierre Bergé & associés. For this, bidders are asked to obtain, before the auction, a letter of credit covering the amount of purchase, which they will transmit to Pierre Bergé
& associés. Without payment by the Buyer within 30 days of the auction, Pierre Bergé & associés will follow the instructions of the Seller, and will assist him as far as possible
with the execution of his instructions, either, more particularly, by the recovery of the purchase price or the annulling of the sale. Payment in cash is not permitted for sums above
20 000 CHF premiums included. Buyers wishing to pay in cash must show their passport (for an individual) or a company registration certificate or equivalent document (for
a company).

Shipping

REMOVAL OF PURCHASES
No object will be handed over to the Buyer until the full price is paid, including commission and VAT; and the necessary documents and information, according to previous
paragraph, have been produced.
If payment is made by cheque or bank transfer, lots may not be withdrawn until the cheque or money transferred has been received on the account. From the moment the
hammer falls, sold items will be the exclusive responsibility of the Buyer. The Buyer is responsible for the insurance of his acquisitions, and Pierre Bergé & associés declines all
responsibility as to any damage the object risks. Transportation and storage will be at the charge of the Buyer.
At the request of the Buyer, Pierre Bergé & associés can send objects at the cost, risk and liability of the Buyer. Otherwise, all formalities, transport and posting are the exclusive
responsibility of the Buyer.
- Delivery to a free port and transfer to a forwarding agent: 40 CHF
- Accompaniment to the airport 200 CHF
- Despatch outside Switzerland: estimate on request.
If the object is not collected by the Buyer after full payment of the sale price, Pierre Bergé & associés may, after formally informing the Buyer, consign the object in question to
the free port of Geneva, at the cost, risks and perils of the Buyer.
The present sales conditions are subject to Swiss law. Any dispute relative to a sale will be adjudicated by the tribunals of the Geneva canton, an eventual recourse to the Swiss
federal Tribunal at Lausanne being reserved.
In case of litigation, it is the French version of the conditions of sale that will be deemed applicable.

Premium

The auction will be conducted in Swiss Francs (CHF).

No delay will be allowed concerning payment.

As well as the hammer price, buyers will pay the following premium

up to 500 000 Euros, 25% (1) inclusive of tax,

above 500 000 Euros, 19% (1) inclusive of tax.

This calculation will be applied to each lot separately. Payments and taxes may be paid in Euros (e) at : Pierre Bergé & associés (Belgique). Banque : I.N.G.-Rue du Trône, 1-B-1 000 Bruxelles-N° compte : 310 - 0503145 - 92 IBAN : BE12 3100 5031 4592-SWIFT? : BBRU BE BB

(1) The global amount to be paid has to be considered as an amount inclusive of tax.

Taxes and VAT

Pierre Bergé & associés will add VAT of 8 % to the hammer price and to the premium. This tax will be refunded to Buyers domiciled outside Switzerland upon receipt by
Pierre Bergé & associés within 30 days of the date of the auction of an export declaration for each object, stamped by Swiss Customs. Unstamped export declarations will give
no right to refunding. The total amount obtained by adding to the hammer price the Buyer's commission and VAT shall constitute the purchase price for the purposes hereof.

Responsibility

GUARANTEES
No employee of Pierre Bergé & associés is authorised to give any kind of guarantee. Pierre Bergé & associés and the Seller undertake no responsibility as to the eventual faults of
an object in the auction, nor do they guarantee the exactitude of indications relative to the author, origin, date of fabrication, authenticity, provenance, weight, or materials
of objects. Catalogue photographs are not contractually binding.
It is the Buyers' responsibility, before the auction, to verify for themselves of the state and quality of each object, in particular relating to any faults or restorations, or to its value.
In the same way, the estimation mentioned in the catalogues is given only as an indication, and does not include commission, VAT, or other charges the Buyer may incur. No
complaint will be received on this point after a sale has been pronounced.