Lot 130: [MANUSCRIT] -- POMPADOUR, Jeanne Antoinette Poisson, marquise de (1721-1764). Lettre autographe, signée "la marquise de Pompadour", adressée à la duchesse d'Estrées et datée "Paris 9 mai 1752".

[MANUSCRIT] -- POMPADOUR, Jeanne Antoinette Poisson, marquise de (1721-1764). Lettre autographe, signée "la marquise de Pompadour", adressée à la duchesse d'Estrées et datée "Paris 9 mai 1752". Trois pages in-8 (210 x 135 mm) sur un double feuillet. Encre brune sur papier. Cachet de cire aux armes de France au verso de la dernière page. (Pliures fragiles, l'une a été renforcée, trou affectant la seconde page avec perte de quelques lettres. Cachet légèrement brisé, trous d'épingles et trace de trombone. Infimes manques dans les angles.) BELLE LETTRE ADRESSÉE À LA DUCHESSE D'ESTRÉES, DANS LAQUELLE MADAME DE POMPADOUR EXERCE SA PLUME, AVEC VERVE ET TALENT, CONTRE LE TOUT NOUVEAU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, ANTOINE-LOUIS ROUILLÉ. ELLE EN PROFITE POUR LIVRER LES QUALITÉS QU'ELLE JUGE NÉCESSAIRES DANS L'EXERCICE DE CETTE FONCTION. La destinaire de cette lettre est très probablement Madeleine-Diane de Bautru-Nogent, duchesse d'Estrées (1668-1753). "Savez vous bien, ma jolie duchesse, que nous avons un nouveau ministre des affaires étrangères. ce ministre est le bon homme Rouillé il n'est pas brillant mais il est appliqué & honnete homme le Roi l'a pris en attendant mieux. Cependant comme son département est le plus difficile, je ne sais comment il s'en tirera. Les autres ministres n'ont que des ordres à donner & à moins qu'ils ne veuillent se distinguer par de grands projets, & souvent par de grandes sottises, tout est facile: il n'ont qu'à consulter leur commis qui pensent & écrivent pour eux. Les affaires étrangères sont tout autre chose, il faut que le ministre connaisse à fond les intérêts des Princes, leur génie, & souvent leur capacité du moins leur caprice, les mystères ou plutôt les ténébres de la politique, qu'il sache mentir et tromper [...]." Antoine-Louis Rouillé (1689-1761) fut secrétaire d'État à la Marine, ministre d'État puis secrétaire d'État aux Affaires étrangères jusqu'en 1757. Il fut alors remplacé par le cardinal de Bernis. La marquise de Pompadour poursuit sa lettre en évoquant la prochaine visite du nonce du pape. "Je considère quelquefois l'orgueil des Prêtres, & je m'imagine que le pauvre Saint Pierre ne s'est jamais mis dans la tête que ses successeurs enverraient des ambassades, et se placeraient sans façon au dessus des Rois [...]. Le pape dit Montesquieu est une vieille idole qu'on encense par habitude. Peut être que dans cent ans on ne l'encensera plus du tout [...]". Elle brosse enfin le récit d'un incident cocasse arrivé à la princesse de Conti à la sortie d'une messe aux Théatins. "Un pauvre aveugle vint lui demander l'aumône en disant qu'il avait perdu les joies du monde. La princesse se tournant vers le Comte de Clermont et lui dit : Est-ce que cet homme est eunuque ?". TRÈS BELLE LETTRE HISTORIQUE. RARE.

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