Description
PHAM HAU (1903-1995) (Atelier) Panneau en laque poncée polychrome sur fond vermillon-corail représentant « l’allégeance des rats au chat » Vietnam, vers 1935-1940 Dim. panneau : 29 x 50,5 cm Dim. totale avec encadrement : 34 x 56 cm Provenance : Colonel Carrette, haut administrateur militaire et responsable du renseignement en Indochine lors de la présence française , offert à son filleul et petit-neveu. La scène illustre la cérémonie d’allégeance de la cour des rats, symboles de vitalité et fertilité, au chat royal, symbole de longévité, prospérité et messager des bons esprits dans les maisons. Elle est figurée sous forme d’une procession évoluant sur deux niveaux, des rats musiciens et porteurs d’offrandes avançant vers le chat dans le registre supérieur, le registre inférieur représentant le palanquin de la reine porté par d’autres rats et précédé de porteurs de parasols et d’un cavalier. Un des rats de la procession porte un panneau où est écrit « Bienvenu Dans cette scène, les rats sont considérés comme des animaux divins, capables de résister et de s’adapter à tout évènement naturel. La cérémonie d’allégeance symbolise l’intelligence de l’adaptation de la nature aux principes de vie. Les sujets sont traités en dégradés de brun, clairs et foncés, avec rehauts de rouge et d’or, le pourtour souligné d’une bande dorée ornée de motifs en léger relief. Au revers du panneau apparait la marque au laque or, « Pham Hau Maître laqueur » surmontée d’une façade de temple. Lorsque l’on étudie l’œuvre de Pham Hau, on constate à quel point ce panneau est atypique, aussi bien par son format que par son thème et l’utilisation des couleurs. Grand admirateur de la nature et des animaux, l’artiste était surtout réputé pour ses paysages à la végétation luxuriante dominés par des teintes où se fondent rouge-vermillon, auburn, ambre, ocre et or, où l’on peut rencontrer animaux ou édifices. Les poissons comptaient également parmi ses thèmes favoris. Pas d’exemple, cependant, se rapprochant de notre panneau, qui apparait comme unique. Or, ce caractère unique s’explique dans la mesure où il s’agissait d’une commande personnelle faite par le colonel Carrette à l’atelier de Pham Hau, auquel il communiqua le thème et les dimensions. Précisions sur la provenance : L’actuel propriétaire est le petit-neveu et filleul du Colonel Carrette qui lui avait fait cadeau du panneau. Il raconte comment ce dernier avait bercé son enfance de récits, notamment en lien avec le panneau. Dirigeant une plantation familiale de laquiers dans sa résidence proche de Hanoï, et passionné par l’art de la laque et la complexité de ses techniques, il s’était lié d’amitié avec Pham Hau et les artistes de son atelier. Il les invitait à venir assister à la récolte de la sève de ses arbres, et a eu le privilège d’assister aux multiples étapes de pose et ponçages des couches de laque sur le panneau, jusqu’à la pose des feuilles d’or. Les artistes l’avaient remercié en lui offrant un croquis qui avait servi à illustrer un article sur la laque dans une revue du cercle des Amis de l’Indochine à l’époque. A propos de l’artiste : Pham Hau (de son nom de naissance, Pham Quang Hau), eut un chemin de vie inattendu. Né dans une famille très pauvre de Dong Ngac, un village à l’époque proche de Hanoi, qui en est devenu un quartier, orphelin à l’âge de 10 ans, il accède au monde des beaux-arts par son mariage, en 1926, avec la fille d’un riche notable de son village. Il fait alors la connaissance et devint l’élève du peintre Nam Son, un des fondateurs en 1925, avec Victor Tardieu, de l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Indochine. Puis, en 1929, en l’espace de 3 mois, il prépare et passe l’examen d’entrée à l’Ecole, appartenant ainsi à sa 5e promotion (1929-1934). Pham Hau va alors faire partie, au tout début des années 1930, de l’équipe pionnière, avec Le Pho, Tran van Can, Nguyen Khang, qui explore, sous l’égide de Joseph Inguimberty, le travail de la laque et les possibilités que pouvait offrir l’association d’une tradition orientale et d’innovations initiées par des techniques occidentales. Ils mettent au point des mélanges de laque et résine de pin qui permettent l’obtention de nouveaux effets par l’application de plus nombreuses couches de laque successivement poncées. Ils explorent de nouveaux pigments, tels la laque vermillon, et de nouveaux matériaux, tels des incrustations de coquille d’œuf, qui compteront très vite parmi les caractères distinctifs d’une expression artistique nouvelle où se distinguèrent ensuite plusieurs grands artistes. Bien qu’il ait également excellé en peinture, c’est la laque qu’il choisit comme principal moyen d’expression. Une fois sorti de l’École, Pham Hau retourne dans son village où il ouvre un atelier qui va très rapidement connaître un certain succès, encouragé par Victor Tardieu qui admirait sa passion et lui trouva sa première grande commande, cinquante boites à cigarettes en laque, très prisées dans la France des Arts Déco et de l’Art Nouveau. Il excelle autant dans les petits objets que dans les grands, notamment les meubles, et fut à cet égard, un des premiers à créer du mobilier intégrant ce type de panneaux laqués. Sa notoriété ne se démentira plus. Ainsi en témoignent les nombreuses expositions auxquelles il participa dès 1935 et tout au long de sa carrière, ainsi que les récompenses officielles qu’il obtint très tôt. En 1949, il fonde, avec les peintres Tran Van Du and Tran Quang Tran, l’École Nationale des Arts Décoratifs, première du genre dans le Vietnam du Nord, qui existe toujours sous le nom d’Université des Beaux-Arts Industriels de Hanoi. EXPERT : Cabinet Ansas & Papillon PHAM HAU (1903-1995) (Workshop) Sanded lacquer panel representing « The rats allegiance to the cat », in coloured and gold lacquer on vermilion background. With gold lacquer mark on the reverse : « Pham Hau Maître laqueur » above which stands the front of a temple. Vietnam, around 1935-1940 Dim. panel : 29 x 50,5 cm Dim. total : 34 x 56 cm Provenance : Colonel Carrette, high military official and head of French Intelligence in Indochina at the time , and thence to his godson. This panel stands as an unusual subject among Pham Hau’s works, more renowned for his luxurious landscapes of vermilion, auburn, amber, gold and ochre colours, or for his gold-fishes. But this is easily explained by the fact that the panel is a personal order from Colonel Carrette, who suggested the subject. Colonel Carrette, owner of a family lacquer trees plantation near Hanoi, was fascinated with lacquer art and its techniques. The present owner of the panel, who was his grand-nephew and godson, and to whom he offered the panel, tells us about how his childhood was immersed in the stories his godfather would tell him, among which about the panel. His interest in lacquer art brought him to form friendship bonds with Pham Hau and the artists in his workshop. He would invite them to the lacquer tree sap harvest. Himself was privileged enough to be able to watch the different stages of creation of the panel. The artists even thanked him by offering him a drawing which he needed to illustrate an article on lacquer to be published in a magazine. Thus is explained this unusual, striking and unique panel, so different from the rest of Pham Hau’s lacquer works.