Description
Sylvestre Kaballa (c. 1920),
Sans titre,
1955,
Gouache sur papier,
Signé et daté en bas à droite,
Inscription en bas à droite "E/Ville",
46 x 59 cm
Notes
Art moderne africain
Un regard avant-gardiste
Depuis les années 1980, Pierre Loos a constitué une collection unique au monde
d’œuvres représentatives de l’art moderne congolais réalisées entre les années
1920 et 1960. C’est auprès d’un ami antiquaire, à qui il rend visite à la recherche
d’objets africains, que Pierre découvre une farde dans laquelle sont conservés
des dessins au crayon, à l’aquarelle ou à l’huile, signés de Bela, Pilipili, Mwenze et
d’autres artistes moins connus. Conscient que ces dessins sont les trésors réalisés
dans les années 1950 à l’atelier du Hangar à Elisabethville (Lubumbashi), il se met
en quête et parvient à rassembler une centaine d’œuvres pour constituer le noyau
d’une collection qui compte parmi les créations artistiques les plus fortes et les
plus emblématiques d’un continent.
Une partie de cette collection constituait la première section de l’exposition à
succès Beauté Congo, 1926 – 2015, Congo Kitoko, qui s’est tenue à la Fondation
Cartier en 2014 et 2015. Cette exposition a révélé au grand public la qualité et
la diversité d’une production artistique majeure, bien que jusqu’alors quasiment
inconnue du grand public.
Cette peinture moderne congolaise frappe par sa singularité et sa modernité. On
doit ces témoignages des scènes de villages, de vie dans la nature, de chasse et
de pêche aux amateurs d’art visionnaires qu’ont été Georges Thiry, fonctionnaire
colonial belge dans les années 1920 et Pierre Romain-Desfossés, marinier français
après la guerre. Tous les deux, à différentes périodes, ont vu et ont su identifier,
encourager et susciter le talent d’artistes qui utilisaient les cases comme support
de leur art.
En fournissant à ces naïfs du papier et des couleurs, Thiry et Romain-Desfossés
ont laissé les artistes s’exprimer, conter leurs fables sur un continent où prime
la tradition orale. Ils ont ainsi contribué à témoigner d’une période révolue, à
rédiger une page de l’histoire de l’art, peut être l’une des premières écrite à l’abri
de l’hégémonie occidentale.
Un ouvrage à sortir fin 2019 contribuera à faire mieux connaître cette collection,
à juste titre considérée comme l’une des plus importantes du monde, mais aussi à
donner à cette peinture congolaise les lettres de noblesse qu’elle mérite.
C’est la première fois qu’est offert sur le marché de l’art un tel ensemble d’œuvres
modernes congolaises de qualité muséale.
Modern African Art
An avant-gardist vision
Since the 1980s, Pierre Loos has created a unique collection of modern Congolese
works of art made between the 1920s and 1960s. It is with a friend antiquarian,
to whom he visits to research of African objects, that Pierre discovers a folder in
which are preserved drawings in pencil, watercolor or oil, signed by Bela, Pilipili,
Mwenze and other less known artists. Aware that these drawings are the treasures
made in the 1950s at the workshop of the Hangar in Elisabethville (Lubumbashi),
he goes on a quest and manages to gather a hundred works to form the core of a
collection that counts among the strongest and most iconic artistic creations of
a continent.
Part of this collection was the first section of the successful exhibition Beauté
Congo, 1926 - 2015, Congo Kitoko, held at the Fondation Cartier in 2014 and 2015.
This exhibition revealed to the general public the quality and the diversity of a
major artistic production, although until then almost unknown to the general
public
This modern Congolese art is striking for its singularity and modernity. We owe
these testimonies of scenes of villages, life in nature, hunting and fishing to
visionary art lovers that were Georges Thiry, Belgian colonial official in the 1920s
and after the war to Pierre Romain-Desfossés. Both, at different times, have seen
and identified, encouraged and inspired the talent of artists who used the huts as
a support for their art.
By supplying these naïve people with paper and colors, Thiry and Romain-Desfossés
allowed the artists to express themselves, to tell their fables on a continent where
oral tradition prevails. They helped to witness a bygone era, to write a page in the
history of art, can be one of the first written aside from Western hegemony.
A book to be released in late 2019 will help to increase awareness of this collection,
rightly considered one of the most important in the world, but also to give this
Congolese painting the letters of nobility it deserves.
This is the first time that such a collection of modern museum-quality Congolese
works of art has been offered on the art market.
Kayembe
Kayembe est un des disciples de l’atelier du Hangar dans les années 1950. Son
travail se distingue de celui des autres protégés de Pierre Romain-Desfossés par
l’importance accordée à la narration de l’activité humaine au sein de compositions
très travaillées.
Dans les papiers de petit format que nous présentons, la nature est illustrée de
façon naïve. La végétation, les oiseaux et le serpent aux proportions improbables
semblent appliqués sur la toile, faisant fi de la perspective. Des poissons aux yeux
exophtalmiques volent à la surface de l’eau, comme hypnotisés, aimantés par
l’embarcation du pêcheur.
Les grands formats, très narratifs de Kayembe pourraient revendiquer une
vocation pédagogique. Ils sont composés de registres ; le sol et sa végétation
d’herbes hautes où vivent et se cachent les hommes et le gibier, et le ciel chargé de
motifs géométriques qui rappellent les tissus traditionnels. Les anciens enseignent
aux plus jeunes à la fois les techniques de chasse et les rites des cérémonies ;
les battues, l’usage de la lance et de la machette et les façons de se camoufler
dans les herbes et dans les arbres.