Lot 86: Un paysage en Italie

PIERRE-HENRI DE VALENCIENNES (TOULOUSE 1750-1819 PARIS)
Un paysage en Italie
Huile sur papier marouflé sur toile
28,6 x 44.3 cm. (11¼ x 17½ in.)
porte l'inscription 'Offert par le neveu de l'auteur à J. Boilly comme une marque de reconnaissance/et d'amitié/le 4 août 182./A N.' (sur une étiquette collée sur le châssis)

Achille Valenciennes, neveu de l'artiste, puis par donation à
Jules Boilly ; sa vente après-décès, 14-16 décembre 1874, lot 207 (avec la mention 'Valenciennes. Joli paysage avec figures, offert par le neveu de l'artiste à Jules Boilly. Toile'), d'où acquis par la famille de l'actuel propriétaire.

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Probablement peinte vers 1800, cette oeuvre est un exemple de ce que Pierre-Henri de Valenciennes appelle la technique du 're-souvenir'. Réalisée en atelier au moyen de la technique de l'huile sur papier, la composition, qui évoque certaines vues du sud-est de l'Italie, a été élaborée à partir d'éléments recueillis par le peintre durant son séjour en Italie (1777-1785), librement recomposés. Pour Valenciennes en effet, et ainsi qu'il l'explique dans son traité publié en 1800 (Eléments de perspective pratique, à l'usage des artistes, suivis de Réflexions et de conseils à un élève sur la peinture, et particulièrement sur le genre du paysage), la peinture d'un paysage suppose un parcours subjectif du peintre, afin de s'approprier la nature pour la transcender ensuite. Dans ce processus, il accorde une place primordiale aux études peintes en plein air, qui permettent de comprendre la nature en enregistrant les mutations des phénomènes physiques, les effets atmosphériques et les variations de la perspective aérienne. Ayant saisi la nature sur le fait, le peintre doit ensuite entreprendre l'étape finale de sa formation, en créant des paysages d'invention.
Ce tableau s'inspire fortement des études en plein air peintes par Valenciennes en Italie, redécouvertes grâce à la donation de la princesse Louis de Croÿ au Louvre en 1930 (on sait que Valenciennes utilisa d'ailleurs à de maintes reprises ces études pour créer de nouvelles oeuvres, une fois de retour dans son atelier parisien). Créant un paysage imaginaire à partir de données réelles plusieurs fois reproduites et sujet de nombreux dessins et études peintes pendant son séjour italien, l'oeuvre illustre parfaitement le processus de création de l'artiste tout en conservant l'immédiateté de la pensée de l'artiste et la grâce de ses études en plein air, qui font de Valenciennes un précurseur évident de Corot. On y découvre ainsi l'attention particulière portée par l'artiste à la densité de l'air, aux effets du soleil perçant les nuages, aux qualités immatérielles de la lumière.
Il semblerait que cette oeuvre appartienne à un ensemble d'oeuvres de même format, peintes sur papier après le retour d'Italie de l'artiste, figurant également dans la collection d'Achille Valenciennes.
Nous remercions Monsieur Luigi Gallo d'avoir confirmé la présente attribution après examen de l'oeuvre et de l'avoir datée vers 1800. Nous remercions également Messieurs Pascal Zuber et Etienne Bréton pour leur aide apportée à la rédaction de cette notice.